lundi 6 juillet 2020

Boucle dominicale improvisée !




Un ravissement. 
Voilà .
C'est exactement ce que je pense alors que s'achève dans les bouchons du dimanche soir une balade parfaitement impromptue.
Cela fait déjà quelques kilomètres que je réfléchis à une intro pour ce billet car je ne peux garder pour moi les sensations que m'ont communiqués les paysages traversés. Pour ce qui est de réfléchir, ça tombe bien, j'ai le temps. En effet je parcours les vingt derniers kilomètres en étant suivi par pas moins de trois équipages successifs de gendarmerie. Quand l'un bifurque, un autre apparait. Bizarre de rouler avec le "pace-car" qui te suit. Non que cela me gêne particulièrement, mais il est moins confortable de rouler en se sachant observé, tout en gardant un œil sur le tachymètre et l'autre sur la route. Escorté comme cela sans que personne n'y trouve à redire (je suis respectueux et bien élevé) les faubourgs de la Capitale des Gaules se sont dessinés pour nous accueillir, Mamy Varadero et moi.

Cette envie de verdure et de grand air m'a assailli vers 14h30. Oui, c'est tard dans le dimanche pour se dire qu'une balade serait salutaire. 
Mais pas ici ! Je t'ai déjà parlé de cette belle région qu'est Auvergne Rhône-Alpes et plus particulièrement le Lyonnais ? 
Bien entendu ! Ici je défend le territoire et le terroir plus souvent qu'à mon tour. 
Je décide néanmoins de m'éloigner de mes pénates et de partir au pied levé pour le plateau de l'Isle Crémieu. C'est un secteur géographique tout proche de Lyon, à l'Est juste au delà de la confluence de l'Ain et du Rhône, qui laisse deviner les prémices du Bugey lui même appartenant au Jura voisin.
Il me faut à peine quarante cinq minutes pour être à pied d’œuvre. Et encore, les plus rapides prendront l'autoroute pour en gagner quinze mais à quoi bon ?
Je roule et laisse venir à moi la lumière qui imprime ma pellicule personnelle, juste derrière mes rétines. Tiens, je les ai couvertes d'excellentes lunettes de soleil aux verres polarisants qui augmentent encore la profondeur du bleu du ciel. Dingue !

D'abord lointaine, puis se rapprochant de plus en plus pour finalement barrer l'horizon, la falaise qui matérialise le bord Ouest du plateau de l'Isle Crémieu est impressionnante. J'adore cette sensation, celle qui te fait deviner la roche exposée au soleil, tantôt claire, tantôt cuivrée puis blanchâtre.
 Émaillé de grottes et de trous plus ou moins importants, ce plateau laisse deviner le système karstique qui le caractérise. Le relief qui le compose produit un paysage parmi les plus intéressants de la région, avec de gros blocs et petits massifs abandonnés par d'anciens glacier. 
L'Histoire locale est très riche également. Elle prend racine au néolithique, se développe avec l'ère Romaine puis affirme son existence géopolitique au Moyen-âge en tant que région frontalière entre Dauphiné, Savoie et Italie.  Cette influence est aujourd'hui encore très présente, tous les villages et lieux-dit témoignent d'une architecture et d'un style médiéval incontournable. De nombreuses fermes fortifiées et petits castels subsistent, parfois fort bien conservés.


L'Isle Crémieu, dans le rond bleu. Oui ! c'est tout petit ...




Bon d'accord mais du point de vue motard que faut-il retenir ?
Ah mais je te reconnais bien là, et tu as raison ! Cette région mérite d'être arpentée en deux roues motorisés. C'est un entrelacs de petites routes, de chemins vicinaux dont le goudron usé disparait parfois pour ne former qu'une croûte de graviers qui croustillent agréablement sous les roues. Oui, il faut être prudent tu t'en doutes. Mais il n'y a là rien de vraiment gênant. C'est...poétique au plus. Les plus méfiants serreront les fesses, les autres se détendrons et adapterons leur pilotage, détendus, en laissant vivre la moto sans trop la serrer des cuisses et des mains. De vrais routes à moto-trails dans le genre grosmonos. Mais tout le monde peut les emprunter sans difficulté particulière.
Heureusement, de courts intermèdes via les axes départementaux qui encadrent le plateau permettent de rouler à bon rythme en profitant cette fois d'un bitume accrocheur et très bien entretenu. Je me suis d'ailleurs amusé à longer les falaises jusqu'à Lagnieu pour ravitailler Mamy Varadero. Au retour j'ai choisi de ne pas suivre la grand' route vers Grenoble mais de rester côté Ouest et d'accompagner le Rhône dans sa descente. Pas longtemps, puisque c'est la montée qui m'attend, via le Chemin de Saint Roch au sortir de la Balme-les-Grottes. 




Me voilà sur la plateau ! les routes sont en blanc sur la carte et ce sont désormais des communales que nous empruntons Mamy Vara et moi. Des touffes d'herbes poussent au milieu d'un goudron ancestral. Là, il faut que tu comprennes que la balade prend une tournure hors du temps. On ne voit pas de grandes étendues cultivées comme dans la plaine de l'Ain. Ici l'agriculture obéit aux contraintes géologiques. Les parcelles sont relativement petites, enclavées et biscornues. Souvent pentues. Les bois, très présents, laissent la part belle en ce début juillet aux champs de céréales qui achèvent de mûrir sous un soleil de plomb. Les moissons ne vont pas tarder. En faisant halte à l'ombre d'un arbre, sur un point haut, je peux distinguer les mouvements des masses d'air qui agitent les épis et provoquent une onde à la surface des cultures. Superbe ! 
Depuis le plateau, de villages en hameaux, les montagnes se laissent deviner dans la brume de chaleur. Au loin, les névés qui subsistent sur les contreforts alpins sont parfaitement visibles. Bizarre sensation, dépaysement garanti ! Car à l'Est c'est bien la Dent du Chat puis le Massif des Bauges qui se profilent. La Savoie est toute proche.

Pour l'heure, évoluer à basse vitesse, le nez au vent semble le plus indiqué pour emmagasiner toutes les énergies disponibles. 
La mécanique ne souffre pas tellement de la chaleur, je ne lui tire pas dessus et le chemin et régulièrement à l'ombre. Je roule souvent debout, pour profiter d'un point de vue élevé et aussi sentir la moto dans de petits chemins aux revêtements incertains. Des vaches me regardent passer sans s'arrêter de ruminer. Tout se perd ! Elles ne m'ont même pas suivi de la tête. Je fais halte de nouveau, cette fois au château de Brotel sur la commune de Saint Baudille de la Tour. Malheureusement on ne peut pas le visiter. Quel dommage ! Cette maison forte est perchée sur un à-pic vertigineux au dessus de la vallée de l'Amby et est célèbre pour avoir appartenu à Edouard Herriot, qui fut maire de Lyon et ministre de plusieurs gouvernements.


Je poursuis en traversant le Val d'Amby, cap au Sud/Sud Est vers l'autre côté du plateau de l'Isle Crémieu qui commande l'accès Nord des Terres Froides. En ce 5 juillet point de frimas prévus ! Le mercure oscille autour de trente degrés. Annoisin-Chatelans et son site de Larina, puis Siccieu-Saint-Julien-et-Carisieu nous ont laissé passer, au rythme paisible du gros twin. Il est vraiment bien ce moteur ! C'est vrai je l'avoue, sur ce genre de parcours je regrette parfois Mamy Transalp. Plus légère, plus "passe-partout" cette dernière permettait vraiment d'emprunter les chemins, ceux qui ne sont pas goudronnés. Cela dit, le 1000 n'est pas un modèle de souplesse mais une fois assimilé le mode d'emploi, il autorise d'évoluer avec placidité. Dans ce cas il se montre même étonnement économe ! A souligner lorsque l'on sait la gloutonnerie dont ses gènes sportifs (VTR) le rendent capable.
La balade s'étire ensuite vers la descente en direction de Saint Chef. Je m'arrête à Trept pour dire bonjour à Antoinette. Il ne faut pas passer à Trept sans dire bonjour à Antoinette, tu le sauras ! 
Cette halte familiale et rafraichissante, incontournable donc, sonne le glas de ce dominical viron.
Le retour est bien moins intéressant, puisque que sous escorte, sur des routes néanmoins sympathiques : via Crémieu, Villette d'Anthon, Le Pont de Jons puis Thil et enfin Saint Maurice de Beynost où je retrouve l'autoroute saturée. M'enfin bon, à partir de là l'interfile moto est autorisée.
Mamy Varadero et moi somme de retour aux alentours de 18h45, avec à peine 150 kilomètres au compteur. Qui à dit sympa ?!

A refaire ? Bah voyons !