lundi 18 septembre 2017

Contact : Moto Guzzi 1000 Convert 1976



 
Moto Guzzi 1000 Convert


L’œil affuté, aux aguets, je suis toujours prêt à te faire découvrir quelques bécanes de derrière les fagots.
Solutions techniques, anachronisme ou design improbable, j'ai un faible pour la moto atypique en général et souvent pour l'anticonformiste en particulier.
C'est comme ça que je suis tombé sur la moto que tu découvres ici: une Moto Guzzi 1000 Convert.
"Ah?" Me diras-tu. Et alors ? 
Ce n'est ni plus ni moins qu'une des premières machines, sinon la toute première, a avoir été commercialisée avec une boite automatique de série.
Ce n'est pas rien, même si pour un puriste cela peu passer pour une aberration. 
Il faut se mettre dans le contexte.
A la fin des années soixante, la marque de Mandello del Lario est au bord de la faillite. La fameuse V7, développée pour les marchés publics (police, armée, administration)  permet à  la firme de se maintenir tant bien que mal en proposant une version civile en 1967. Ce modèle est considéré comme celui qui a sauvé la marque. Il donnera naissance à une lignée toujours exploitée aujourd'hui, pour le moins en tant que référence dans la plupart des modèles actuels.
Mais reviens avec moi en 1971. C'est l'année de mise en production d'un modèle emblématique Moto Guzzi : la V7 "sport". Elle est doté d'un moteur de 750 cm3 qui va évoluer l'année suivante pour équiper la V850GT prévue pour attaquer le marché américain. C'est là que le destin s'en mêle (ou s’emmêle, selon le point de vue!)

En 1972 un certain Alessandro De Tomaso rachète la marque. Il insuffle de l'argent, certes, mais aussi un état d'esprit moderne propice au développement de l'entreprise. C'est dans ce cadre que Moto Guzzi remporte l'appel d'offres ouvert par la ville californienne de Los Angeles. La V850GT devient "California" et évoluera avec le succès que l'on sait jusqu'à nos jours. 
D'accord. Mais notre 1000 Convert ? Et bien pour faire simple, c'est une V850GT réalésée et doté d'une boite automatique à deux rapports à convertisseur de couple. Il s'agissait de coller au desiderata des décideurs de l'époque. Pour eux, une moto automatique était l'idéal pour la sécurité des convois officiels. Escorter des véhicules sans à-coups, en souplesse et avec agilité  étaient quelques uns des nombreux challenges imposés pour remporter le marché.
Cubant désormais 950cc, le bloc transversal issu de la bonne vieille V7 voit sa puissance culminer à 71cv. Suffisant pour emmener les 255 kg de la belle à près de 180kmh ! 
Cette cavalerie entraine la roue arrière par l'intermédiaire d'un convertisseur de couple d'origine allemande (Sachs), un embrayage multi-disques et une boite de vitesse dotée de deux rapports: le premier pour rouler de 0 à 120kmh, hyper précis, redoutable de confort et de maniabilité en ville, le top pour escorter un véhicule ou pour patrouiller dans une agglomération tentaculaire. Le second rapport permettant quant-à lui de reprendre au delà de 120kmh jusqu'à la Vmax. 
Notre "Convert" (tu auras deviné d'où vient son nom ... non, ce n'est pas un jeune moine!) aura damé le pion à une concurrente de taille (ou de poids !): la Harley-Davidson Electra, pourtant habituée à patrouiller sous l'uniforme.

Malgré cela, si notre italienne satisfait à toutes les exigences administratives californiennes, elle a du mal à convaincre le motard lambda. Elle est pourtant dotée de solutions techniques astucieuses, comme la béquille latérale qui se déploie en coupant le contact et actionne en même temps un frein de parking. Elle participe également à la démocratisation du freinage couplé cher à la marque: la pédale actionne le frein arrière et agit sur un des deux disques avant, le levier agissant sur l'autre disque avant. 

La Moto Guzzi 1000 Convert rejoint la vie civile en 1975, d'abord sur le marché américain.
Équipée avec goût de tout l'accastilage GT de l'époque, pare-brise, pare-chutes chromés avant et arrière, sacoches rigides, selle ultra-confortable, repose-pieds plateaux et guidon "cornes de vache", elle continue modestement à tailler des croupières à Harley-Davidson sur ses terres. 
Mais le motard américain, s'il accepte sans rechigner de rouler en voiture à boite automatique, ne pense pas devoir en faire autant à moto. Il va rapidement préférer à notre belle italienne une japonaise qui va s'installer dans le paysage pour de nombreuses décennies: la Honda GL1000 "Goldwing". Celle-ci, avec son quatre cylindres à plat d'origine automobile va offrir des prestations jusqu'alors inconnues en moto. Les concurrentes, américaines ou européennes, vont en souffrir profondément.

La carrière de notre GT va cependant se dérouler sur près de 10 ans.
Environ 2500 exemplaires "civils"  de la Moto Guzzi 1000 Convert  seront produits jusqu'en 1984. 

D'une manière générale, les motards préfèreront longtemps encore passer les vitesses au pied. Même si d'autres modèles et d'autres marques ont développé et commercialisé différents systèmes de boites automatiques pour motos jusqu'à nos jours.
Il faudra passer l'an 2000 pour voir sur le marché d'abord des scooters de grosses cylindrées puis des motos proposer en série la transmission automatique. Production largement soutenue et pérennisée, il est vrai, par les progrès de l'informatique embarquée.

La Moto Guzzi 1000 Convert que tu découvres ici est un millésime 1976. Elle affiche un superbe état d'origine et moins de 50 000 km !. Elle est dans son jus avec une peinture refaite en 2009. Entièrement révisée, elle est en rodage et est à vendre. Un bon placement ? Certainement ! > speckmotos@gmail.com ou 04 72 04 66 66. http://www.speck-motos.com/



Moto Guzzi 1000 Convert




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2 commentaires:

  1. Une belle moto méconnue.

    Petite erreur: à sa sortie, la "V7 Sport" avait un moteur de 750 cm3.

    Amicalement

    Daniel

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  2. Merci Daniel ! Et ...merci ! ;-) j'ai corrigé la coquille. C'est bel et bien un 750 dont la base servira à l'évolution de différents modèles, notamment la première "Calif'".

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