Kawasaki 400 S3 1975 |
Janvier 1975.
L'actualité est tournée vers la disparition de l'ORTF au profit de plusieurs chaines de télévision publique, la guerre du Viêt Nam tire à sa fin et Dave chante "Vanina".
L'hiver est doux, propice à la pratique de la motocyclette, dont le marché florissant et concurrentiel est conduit par l'innovante industrie japonaise.
C'est là qu'apparait la bécane que tu découvres ici : la Kawasaki 400 S3. Cet hiver là ce n'est déjà plus une nouveauté car cette version est sur le marché depuis un an déjà, après une présentation remarquée au salon de Paris 1973.
Les différents essais que tu peux trouver sur la Toile t'indiqueront qu'il s'agit de la moto la plus aboutie de la lignée des trois cylindres Kawasaki, la plus exploitable et certainement la plus fiable aussi, préfigurant ce que sera la "KH", dernière mouture du genre qui naitra en 1976 (celle-ci sera dotée, en guise d'évolution significative, de l'allumage électronique).
Les pilotes ayant couru la Coupe Kawa à l'époque t'expliqueront également qu'elle est dotée du meilleurs châssis de la famille et qu'elle a permis à nombre d'entre eux de truster les podiums.
C'est certainement avec ces informations pointues et croustillantes que le premier propriétaire a pris livraison de notre amie du jour.
Sortir de la concession, prendre la route avec a dû être un moment des plus sympathiques et excitant. Bien sûr, on regarde ça aujourd'hui avec le regard mouillé du "vieux motard que jamais", de la rengaine "quelle époque!" et "c'était mieux avant"... Et, dans le cas d'un trois cylindre deux temps comme celui qui anime cette petit Kawa, c'est sûrement vrai.
Mais pour les autres ? Ceux, dont je fais partie (les quadras quoi !) qui n'ont pas eu d'autres retour que celui des vieux personnes âgées séniors motards expérimentés qui ont connus ce bolide sur la route ou sur la piste, comment s'y retrouver ?
Alors oui, me diras-tu, la lecture assidue du Joe Bar Team t'auras quelque peu éclairé. Bien des aventures de ces héros sont centrées sur l'utilisation de bécanes deux temps au caractère "velu".
Les explications livrées avec des trémolos dans la voix par ces même motards expérimentés, un coude sur le comptoir, le regard perdu, ont pu faire trembler ou rêver, imaginer des situations de pilotage extraordinaires, comme des réfections de moteurs improvisées au bord de la route...
A l'époque, initiée par la Kawasaki 500 H1 Mach III baptisée "widow maker" (la faiseuse de veuve in french) en 1969, puis par la 750 H2 en 1971, la motorisation deux temps de grosse cylindrée à le vent en poupe. Malgré une consommation gargantuesque, elle permet un rapport poids/puissance inédit et des performances inégalées jusqu'alors, pour un tarif abordable.
Notre "petite" 400 S3 est l'aboutissement de l'expérience glanée sur la route et en compétition, mise en avant par la firme Kawasaki.
Très bien.
Mais aujourd'hui ?
Grâce à Monsieur Z (dont l'enseigne Apro Racer à Irigny maitrise l'entretien de ce type de machines) j'ai pu effectuer quelques tours de roues au guidon de cette fabuleuse réminiscence des années disco.
D'abord il faut que tu saches que c'est tout de même avec un peu d'appréhension que j'ai abordé la bête. A cause de toutes ces histoires de "coup de pied au cul" de montées en régime sans inertie ou de freinage limite ? Va savoir !
Toujours est-il que de près, cette Kawasaki 400 S3 n'est finalement pas très impressionnante. C'est même une toute petite machine. Avec une bonne bouille !
Le vrai tableau de bord t'accueille avec un charme encore très actuel. Tu insères la clé au centre pour mettre le contact. Il n'y a plus qu'a déplier le kick sur le côté droit. Point de démarreur électrique.
Alors là, c'est magique. Un peu de starter, un coup de jarret et hop ! Voilà que monte le son aigrelet et caractéristique du trois pattes. C'est magique parce-que, pour ma part, ce bruit si particulier évoque chez moi la vitesse, la performance, et d'excellents souvenirs. Certes, ces souvenirs font référence aux arsouilles en mob' plutôt qu'à la compète, mais c'est également une source de plaisir intense. C'est bête ? Peut-être !, mais je m'en cogne ;-).
Et puis il y a l'odeur ! Un moteur deux temps ça fume, ça sent l'huile et les gaz d'échappement. C'est sûr, ça n'est plus dans l'air du temps, il faut s'y faire, et c'est sûrement mieux comme ça. Reste ce fonctionnement suranné, fort agréable.
Moteur en chauffe avec un poil de starter, me voilà sur le point de passer la première.
La boite verrouille sans bruit et je décolle sur le filet de gaz. Pas besoin de faire cirer, la mécanique est souple et l'embrayage fait le boulot. Le terme qui me vient à l'esprit pour décrire le fonctionnement moteur/boite est "onctueux". Marrant ! je m'attendais à quelque chose de rugueux et pointu, il n'en est rien.
Je me détends donc et ouvre les gaz pour suivre Monsieur Z qui, au guidon d'un Kawasaki KZ900Z1 de 1971 (on y reviendra) ouvre la route.
La montée en régime est fluide et rapide, très agréable. Le bruit, bien présent sans être assourdissant, accompagne la prise de vitesse.
La sensation de légèreté est épatante. Les presque 175 kg ne se font pas sentir. La direction est très légère, avec un rayon de braquage digne d'un vélo. La moto, très équilibrée, obéit au doigt et à l’œil, sans effort.
Les roues de 18" ne sont pas étrangères à ce comportement, facilement maitrisé grâce au large guidon. Celui-ci offre une position de conduite naturelle, confortée par une assise moelleuse et des repose-pieds positionnés bien dans l'axe du bassin. On est assis sur la moto (et pas dedans), en son centre. Les commandes tombent sous les doigts, les commodos présentent des boutons désormais habituels de nos jours, offrant un niveau de prestation délicieusement moderne à l'époque.
La Kawasaki 400 S3 est une moto valorisante encore aujourd'hui : elle présente superbement !
J'en suis là dans mes pensées lorsque Monsieur Z décide d'attaquer la montée d'une manière plus soutenue. Le gros bloc du 900Z1 devant moi se met à souffler puissamment et tente de s'éloigner. Non mais ! je range proprement deux rapports dans la boite et je soude. Le trois cylindre me parle, il me dit "ah tout de même !" et prend ses tours rapidement, sans inertie. Le bruit que produit cette petite mécanique est bluffant. Il wiiiiiiiiiiiiine ! Dans un panache de fumée bleue, assortie de petites plages de vibrations ressenties à l'abord de la crête de puissance, juste au moment de monter une vitesse.
C'est véritablement jouissif. Quoique pas aussi expressif que je l'imaginais. Mais résolument incontournable. Il faut que tu essayes.
Et puis quoi ? Bien sûr que je l'ai rattrapé, le gros Z !
Je n'ai pas ressenti le "coup de pied au cul" situé dans la deuxième partie du compte-tours car le propriétaire de la moto a choisi un réglage "gras", c'est à dire avec un pourcentage d'huile important en sortie de pompe, pour préserver la mécanique et éloigner le spectre du serrage.
Toujours est-il que cela a pour effet de lisser le comportement moteur, qui prend ses tours, tous, sans exception (!!) mais il offre aussi moins de sensations. Sur le coup, au guidon, cela m'a un peu déçu mais j'ai fait l'effort de comprendre.
D'autant que cette moto tient bien le pavé. L'amortissement d'époque, révisé, est plutôt souple mais combiné à la légèreté de l'ensemble ce n'est pas un problème, loin de là ! Les pilotes de la Coupe Kawasaki l'avaient bien compris, avec 275 pilotes engagés en 1975 (source>Bike 70)
Côté freinage, il est d'époque lui aussi. Un disque avant de 277mm de diamètre, pincé par un étrier simple piston situé à l'avant du tube de fourche gauche. Un tambour simple came de 180mm à l'arrière... Oui, au top autrefois, c'est un poil juste aujourd'hui, d'aucuns diraient "effrayant" (!!) mais ça fonctionne. Le levier droit réclame de la poigne et la pédale de frein demande un dosage mesuré. Sachant que la mécanique n'offre aucun frein moteur, l'anticipation est de mise sur la route.
Une fois le mode d'emploi assimilé, c'est un véritable plaisir que tourner la poignée droite et d'entendre le trois pattes jouer ses gammes. Évoluer à la limite de l'arrivée de la puissance, garder le régime pour préserver la relance... Héhé... Quel pied !
Ce bref essai routier, destiné à valider la sortie d'atelier tout autant que d'aller se chercher un petit en-cas, s'est achevé dans la bonne humeur et le plaisir d'avoir (enfin!) découvert la conduite d'un de ces fameux trois cylindres.
Cela faisait longtemps que je le souhaitais, cela n'a fait que renforcer l'idée d'essayer le reste de la gamme.
Pourtant je dois te faire une confidence : mon mètre quatre-vingt douze et mon poids à trois chiffres m'ont encore joué des tours (plutôt amusants) : mon pied gauche passe difficilement entre le repose-pied et le sélecteur, mes genoux dépassent du réservoir et les commentaires des rares spectateurs (goguenards à priori, mais avec le casque...) dont Monsieur Z, ne m'ont pas permis d'apprécier pleinement ce flash-back attendu si longtemps. Aurais-je plus de place sur le 750H2 ? Je ne sais pas, je verrais un de ces jours, peut-être !
Merci Monsieur Z ! > Apro-Racer, 16 rue de la Mouche, 69540 Irigny. 04 78 81 94 82.
Les roues de 18" ne sont pas étrangères à ce comportement, facilement maitrisé grâce au large guidon. Celui-ci offre une position de conduite naturelle, confortée par une assise moelleuse et des repose-pieds positionnés bien dans l'axe du bassin. On est assis sur la moto (et pas dedans), en son centre. Les commandes tombent sous les doigts, les commodos présentent des boutons désormais habituels de nos jours, offrant un niveau de prestation délicieusement moderne à l'époque.
La Kawasaki 400 S3 est une moto valorisante encore aujourd'hui : elle présente superbement !
J'en suis là dans mes pensées lorsque Monsieur Z décide d'attaquer la montée d'une manière plus soutenue. Le gros bloc du 900Z1 devant moi se met à souffler puissamment et tente de s'éloigner. Non mais ! je range proprement deux rapports dans la boite et je soude. Le trois cylindre me parle, il me dit "ah tout de même !" et prend ses tours rapidement, sans inertie. Le bruit que produit cette petite mécanique est bluffant. Il wiiiiiiiiiiiiine ! Dans un panache de fumée bleue, assortie de petites plages de vibrations ressenties à l'abord de la crête de puissance, juste au moment de monter une vitesse.
C'est véritablement jouissif. Quoique pas aussi expressif que je l'imaginais. Mais résolument incontournable. Il faut que tu essayes.
Kawasaki 400 S3 1975 |
Et puis quoi ? Bien sûr que je l'ai rattrapé, le gros Z !
Je n'ai pas ressenti le "coup de pied au cul" situé dans la deuxième partie du compte-tours car le propriétaire de la moto a choisi un réglage "gras", c'est à dire avec un pourcentage d'huile important en sortie de pompe, pour préserver la mécanique et éloigner le spectre du serrage.
Toujours est-il que cela a pour effet de lisser le comportement moteur, qui prend ses tours, tous, sans exception (!!) mais il offre aussi moins de sensations. Sur le coup, au guidon, cela m'a un peu déçu mais j'ai fait l'effort de comprendre.
D'autant que cette moto tient bien le pavé. L'amortissement d'époque, révisé, est plutôt souple mais combiné à la légèreté de l'ensemble ce n'est pas un problème, loin de là ! Les pilotes de la Coupe Kawasaki l'avaient bien compris, avec 275 pilotes engagés en 1975 (source>Bike 70)
Côté freinage, il est d'époque lui aussi. Un disque avant de 277mm de diamètre, pincé par un étrier simple piston situé à l'avant du tube de fourche gauche. Un tambour simple came de 180mm à l'arrière... Oui, au top autrefois, c'est un poil juste aujourd'hui, d'aucuns diraient "effrayant" (!!) mais ça fonctionne. Le levier droit réclame de la poigne et la pédale de frein demande un dosage mesuré. Sachant que la mécanique n'offre aucun frein moteur, l'anticipation est de mise sur la route.
Une fois le mode d'emploi assimilé, c'est un véritable plaisir que tourner la poignée droite et d'entendre le trois pattes jouer ses gammes. Évoluer à la limite de l'arrivée de la puissance, garder le régime pour préserver la relance... Héhé... Quel pied !
Ce bref essai routier, destiné à valider la sortie d'atelier tout autant que d'aller se chercher un petit en-cas, s'est achevé dans la bonne humeur et le plaisir d'avoir (enfin!) découvert la conduite d'un de ces fameux trois cylindres.
Cela faisait longtemps que je le souhaitais, cela n'a fait que renforcer l'idée d'essayer le reste de la gamme.
Pourtant je dois te faire une confidence : mon mètre quatre-vingt douze et mon poids à trois chiffres m'ont encore joué des tours (plutôt amusants) : mon pied gauche passe difficilement entre le repose-pied et le sélecteur, mes genoux dépassent du réservoir et les commentaires des rares spectateurs (goguenards à priori, mais avec le casque...) dont Monsieur Z, ne m'ont pas permis d'apprécier pleinement ce flash-back attendu si longtemps. Aurais-je plus de place sur le 750H2 ? Je ne sais pas, je verrais un de ces jours, peut-être !
Merci Monsieur Z ! > Apro-Racer, 16 rue de la Mouche, 69540 Irigny. 04 78 81 94 82.
Kawasaki 400 S3 1975 |
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Kawasaki 400 S3 1975 |
Kawasaki 400 S3 1975 |
Kawasaki 400 S3 1975 (un KZ900Z1 derrière... ;-) ) |
de toute façon quand on goute à KAWA on ne peut plus s'en passer , tu sais de quoi je parle.....! beau reportage , ça fait du bien . à bientot sur les montées historiques.....! signé François Kawa 1000 Z ST refaite cette hiver et encore plus belle...!
RépondreSupprimerMerci François ! A bientôt, j'ai hâte de voir ce Z1000ST refait ... ;-)
SupprimerMerci pour ce très bel article qui a replongé le sexagénaire que je suis dans les belles et insouciantes années 70.
RépondreSupprimerLe puriste pourra regretter que cette 400 S3 ne sois pas dans sa teinte d'origine, mais les couleurs des premières 250 S1 lui vont très bien.
Amicalement.
Daniel
Merci Daniel, c'est toujours un plaisir !
RépondreSupprimerFlo
bonjours a tous,une petite mise au point sur cette 400 s3.j'ai acheté cette moto en 2019,je peu vous dire quelle ne tournait pas super bien.l'ancien proprio de 2018 ne voulais pas changer tout les gicleurs(1sur3).Trop cher pour lui.le guidon pas d'origine kawa.(honda). tout comme le kick etc etc. je l'ai remise au couleur d'origine ,refait le moteur entiérement ,embrayage,freins av et ar etc etc.je me permet de mettre un mot car quand je lit que la moto prenais bien ses tour ,moi qui l'ai essayé avant de l'acheté je suis étonné.maintenant elle tourne super bien. si vous voulez une adresse pour tout ce qui est pièces ou meme remontage complet d'un 3 cylindre kawa je peux vous la donner.bonne soirée a tous .frank.
RépondreSupprimerBonjour en vue d une restauration complète je cherche désespérément une revue technique de 400s3 ou une copie papier ou pdf . Merci sincèrement michel .
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