dimanche 12 avril 2020

La "déconfinure"... Episode 3

L'itinéraire de cette seconde partie de journée ...

Les routes en blanc sur la carte sont mes préférées. Je te l'ai maintes fois expliqué, elles sont idéales.
D'abord par la variété des paysages qu'elles procurent, ensuite parce-qu'elles permettent de réapprendre la valeur d'espace/temps. Enfin comme on n'y croise pas grand monde le technocrate législateur ne juge pas bon d'y poser des cinémomètres automatiques. 
Je ne suis pourtant pas un ayatollah de la vitesse, mais il faut reconnaitre que parvenir à rouler de temps à autre sans avoir le nez sur le compteur est plutôt confortable, et probablement plus sûr !. D'ailleurs, pour éprouver une quelconque sensation de vitesse à moto notamment, il suffit de "rétrécir la route" en largeur non ?  C'est ce que parvient à nous proposer le réseau secondaire, les routes en blanc sur la carte justement. Les accotements étant plus proches, dépourvus de lignes blanches, à vitesse réglementaire le décor semble défiler plus vite : cqfd ! Tout ce qu'il faut est de ne pas finir dedans.
Nous y revoilà. Au départ de Banon (cf épisode 2) nous avons repris notre balade vers le circuit Paul Ricard, par les petites routes, donc.
Gilles reprend son rôle d'ouvreur et nous autres poissons pilotes lui emboitons le pas. Le rythme a légèrement baissé, le bougre nous laisse entrevoir sa plaque d'immatriculation (!!).
Nous n'avons plus le couteau entre les dents. Il est bien rangé et nous laisse profiter du paysage pendant que nous digérons plein sud. Le revêtement de la chaussée laisse souvent à désirer, ce qui m'a permis de doubler à la régulière un des membres du groupe pourtant équipé du dernier Yamaha R1. Les processeurs de ses suspensions adaptatives ne parviennent pas à assimiler le relief provençal. Secoué comme un prunier il rend la main et Mamy ZRX n'a plus qu'à l'effacer d'un trait. A propos, ma "vieille" monture ne s'en laisse pas compter ! Du haut de ses 20 ans et près de 160 000 km au compteur elle tient la dragée haute aux "modernes".  Il faut dire que je la ménage désormais et qu'elle ne sort plus que pour être convenablement exploitée. C'est à dire que je lui tire dessus comme au premier jour. Elle est faite pour ça !  
Ecoute un peu : le gros bloc ronronne vers 3700 tours en 5 à 80kmh... Autant dire qu'il calamine. Vers 4500 il se réveille, un peu comme une onde de chair de poule tu vois ? Mais rien de notable. A partir de là admettons qu'il faille ouvrir franchement pour une raison indéterminée. Hein ? Admettons.
Et bien à partir de là il faudrait s'accrocher aux branches (du guidon) car la montée en régime serait profonde, puissante, rugueuse. Comme j'ai pris soin d'accorder l'instrument à vent qui sert de pot d'échappement, le feulement mécanique, le ronronnement de tout à l'heure, se transformerait peu à peu en rugissement. Gavé par ses quatre carburateurs de 36mm, le 1100 prendrait des tours et grimperait allègrement vers la zone rouge. Vers 7000 tours, il offrirait comme une sensation étrange, un "double effet" qui décuplerait la sensation de puissance et de vitesse : le fameux "coup de pied au cul" qu'offrent généreusement les moteurs de ces années là. Vers 11000, dans le rouge du compte-tours, juste avant la rupture d'allumage : aucun intérêt, sinon de profiter une seconde du hurlement mécanique produit par l'ensemble. La chair de poule te parcourrait l'échine de la nuque au coccyx cependant que ton regard fixe, hyper attentif, te donnerait l'impression de foncer dans un tunnel.  Mais bon, admettons ! Car bien sûr, tout ceci n'est que pure hypothèse.
Tout ça pour dire que j'ai fait la nique à un R1. Oui, c'est puérile. En puis ça n'a pas duré, tu t'en doutes.
Ma rêverie digestive ne m'a pourtant pas déconcentré. Pendant ce temps nous avons couvert quelques lieues pour traverser la Durance du côté de Saint Paul-lez-Durance, pris la direction de Saint Maximin la Sainte Baume via Rians. Nous surfons entre Bouches du Rhône et Var, dans la garrigue. 
Arrive le morceau de bravoure de cette seconde partie de journée : le Massif de La Sainte Baume. Le lieux est superbe (et le mot est faible), c'est un parc naturel. Il est parcouru par quelques routes touristiques, notamment celle qui nous occupe ce jour : la départementale numéro 2, côté Bouches du Rhône, dont l'itinéraire permet de franchir le massif par le célèbre Col de l'Espigoulier.
Ah ! Cadre unique, paysage magnifique ! Après avoir refait les pleins à Saint Maximin, nous jardinons quelques minutes avant de trouver la D2. Nous entamons la montée.

Cette fois c'est Aurèl' et son Honda 1000 VTR SP2 qui ouvre la route. 
Son twin souffle l'enfer, dans un bruit aussi assourdissant qu'épatant. Me voilà dans sa roue, à bon rythme. Soudain la route bifurque sur la droite, sans prévenir. Le soleil dans les yeux, la lumière filtrée par les arbres tantôt éblouissante tantôt assombrie ne permet pas à Aurèl' d'apprécier la courbe : il tire tout droit ! Comme je le suis des yeux je manque de l'accompagner, mais prend le virage au dernier moment. Le VTR soulève de la poussière dans un chemin vicinal situé par chance dans l'axe du bout droit avant la courbe. Ouf ! Aurèl' en est quitte pour une belle frayeur ! Il ouvre également un nouveau dossier: les railleries ne tarderons pas...
J'ai pris le virage et me voilà en tête, car du coin de l’œil nous avons tous vu que l'aventure "tout chemin" se termine bien. Donc, et c'est mesquin d'accord, toute la bande s'emploie à mettre du gaz. Je suis talonné par Gilles et son VFR aussi âgé que Mamy ZRX. Je le tiens au moteur mais ne parviens pas à le distancer : il exploite toute la bande de roulement de ses pneus et ne semble pas user ses plaquettes. J'ose à peine te dire qu'il roule en duo ! Les autres sont relégués à bonne distance quand je décide de rendre la main arrivé à une patte d'oie : je ne connais pas la route.
Tout le monde recolle et repart à l'assaut de la côte. Epingles, bouts droits, épingles... Le revêtement est pourri et poussiéreux, mais tous les virages sont "gommés" de traces de tous types de véhicules : nous sommes sur le terrain de jeu des pilotes locaux.
Le col se profile en même temps que la vue se dégage : le regard porte jusqu'à Marseille et au delà, la Méditerranée. A couper le souffle ! 

Marseille vu depuis le Col de l'Espigoulier

Je n'ai pas le temps d'apprécier la vue, nous piquons des deux dans la descente. Épingles, bouts droits, épingles, les mécaniques sont moins sollicitées que les freins. Il faut doser, trajecter; Quel pied ! Il faut néanmoins rester concentré... Je préfère soigner mon pilotage. Fred et moi fermons la marche. Le panzer K12 est imperturbable, campé sur son système d'amortisseurs Teutons brevetés, télélever et monolever. Pour Mamy Z, c'est moins simple. Si les amortos suivent , les freins chauffent. L'arrière m'a lâché, je pompe du pied et tente de moins solliciter l'avant. Pas simple car nous filons toujours bon train. J'aimerais bien asseoir le train arrière, mais ce n'est plus possible alors je joue du sélecteur. Et ce qui doit arriver arrive : la roue arrière bloque au rétrogradage et part en sucette du côté opposé au virage. En dérapage, le cul de la moto veut me doubler par la gauche, la roue avant part à droite... Je lâche tout, contrebraque et charge les appuis pour tourner à gauche. Ça marche ! La moto dessine une courbe parfaite, le repose-pied mord l'asphalte, et nous plongeons dans la descente selon une trajectoire impeccable. Je viens de réaliser un appel/contre-appel de toutes beautés. Fred peut en témoigner, juré craché ! Seulement voilà : je dois avouer que si j'avais voulu le faire, je n'y serais jamais arrivé ! En revanche, j'ai fait un pli sur la selle ...

La descente s'achève dans le calme retrouvé de cette fin de journée. L'arrivée à l'embranchement de Gémenos pour tourner et rejoindre Cuges-les-Pins puis le Paul Ricard se fait désormais en couleur. La Gendarmerie nous fait voir la vie en bleu à chaque intersection. Pas de souci, nous sommes des gens bien élevés et respectueux. 
L'ambiance de ce weekend de course se fait sentir. C'est palpable. Pas une route, pas un recoin sans découvrir des grappes de motards venus de toute l'Europe.
Après avoir déposé nos quelques affaires et laissé se reposer nos compères (et pas l'inverse, nous sommes courtois !) Fred et moi gagnons le circuit.

Circuit Paul Ricard - Bol d'Or 2019 - Welcome Center

Arriver sur "le Paul Ricard" dans le soleil d'une fin de journée de septembre est difficile à décrire. C'est un mélange de sentiments divers : excitation contenue (comme quand, petit ,on te disait que tu irai à la vogue cet après midi et que ça y est, tu y es) et joie simple. Véritable.
Mais comme il est dit plus haut, nous sommes bien élevés. Nous ne laissons rien paraitre. 
Fred récupère les passes au "welcome center" et nous accédons à l'enceinte du circuit. Il faut pour cela faire la queue à moto, pour passer dans des guérites de contrôle. 

A suivre ! 


Ma pomme.  Comment ça content ?! Ravi oui !!

6 commentaires:

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    1. Ah mais faut pas Pat' ! :-) La suite est dans les tuyaux, ça vient.

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  2. " Le revêtement est pourri et poussiéreux, mais tous les virages sont "gommés" de traces de tous types de véhicules : nous sommes sur le terrain de jeu des pilotes locaux."

    Tu es sur le terrain de jeu favori de mon pote Gilles, toi, un grand fan de ZRX….

    Pierre

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    1. Je l'ai peut-être croisé ! ;-) Il faudra que je retourne vérifier...

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  3. Que ça fait du bien de lire un tel article, encore plus en ce moment.

    Laaa suite, laaa suite, laaa suite... ;-)

    Daniel

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