mercredi 20 juin 2018

5ème Montée Historique du Beaujolais - Episode 2



Nous y voilà.
Je t'ai laissé au terme d'un récit qui résume cette superbe journée, jusqu'à ce que je me retrouve en première ligne.
Oh oui ! Ça ne pouvait pas s'arrêter là !
Comme je te l'ai laissé entendre,  Fred et moi nous étions mis d'accord pour que je puisse moi aussi participer à la montée. Grande première ! Car cela fait plus de dix ans que je me rends sur les courses et démos en côte de la région, sans jamais avoir osé me lancer.
Il y a tout de même quelques temps que cela me travaille. J'ai également été maintes fois sollicité par les nombreux participants que je croise lors de ces évènements. Je dois admettre que ce n'est d'ailleurs plus tout à fait par hasard, puisque repéré depuis des lustres comme amateur de belles mécaniques ou, pour le moins, de sensations mécaniques, j'ai dû me défendre souvent en arguant du fait que je suis meilleur spectateur que pilote.
Pourtant je peux soutenir quelques arguments. Je roule quotidiennement (et toute l'année) à moto , comme tu le sais avec différents types de machines, et ne craint pas particulièrement les éléments ou aléas climatiques. J'ai eu la chance de tester mes compétences sur circuit comme en tout terrain. Faire de grosses étapes à "bon rythme" ne m'effraie guère et passer du solo au side-car ne me dérange pas plus que ça. 
Enfin, n'étant pas un grand fan d'électronique embarquée (peut-être à tort?) je me passe facilement de contrôle de traction et d'ABS.
Voilà qui devrait me permettre d'aborder une démonstration en côte sereinement, au guidon d'une "ancienne".
J'imagine que tu trouves cela un peu pompeux? C'est ce que j'étais en train de me dire à l'instant, en écrivant ce passage. Mais, réflexion faite, je pense que toi et moi partageons beaucoup de choses à ce sujet. En tous cas pour moi, mieux vaut s'en remettre à une bonne vieille caisse à outils qu'à un "bon vieil ordi" pour régler sa machine. Je vieillis ? Certainement ! Et je crois que j'assume ... 
Alors donc, je te raconte tout ça de la même manière que j'ai abordé ces deux fameuses montées prévues pour moi: histoire de gagner du temps.
Oui j'avoue. Je n'en menais pas large au moment de rejoindre le premier départ.
Bah oui quoi ! 
C'est qu'à force de voir passer les copains, d'entendre les moteurs prendre des tours ou ralentir, deviner à l'oreille la progression d'une moto dans la côte, estimer sa vitesse, la dextérité de son pilote, situer les repères de freinages ou encore chercher le point de corde, c'est facile quand ton but est d'essayer, depuis le bord de la piste, de faire quelques photos présentables. Jusqu'à présent c'est ce qui captivait toute mon attention. 
Avec une pointe d'humour je peux t'avouer que ce qui est particulièrement plaisant c'est aussi entre deux passages, lorsque le bruit retombe, quand ne subsiste parfois qu'une odeur légère. Le vent reprend ses marques, les insectes bourdonnent comme si de rien n'était alors que la moto suivante n'est qu'une rumeur sourde plus bas dans la vallée. Moment privilégié qui me surprend souvent posté sur une branche en surplomb ou encore au fond d'un fossé,  l'appareil photo au ras du sol...


Mon bon vieux D2X monté avec le 80/200 2.8 "à pompe"...le tout perché sur une branche. J'apprends tous les jours avec lui !

Me voilà donc, avec force claques dans le dos et sourires complices, au guidon de la Honda CB750 K2 1972 de Fred. 
Bon. Quand faut y aller... Ah mais je n'y vais pas à reculons, tiens le toi pour dit. J'ai juste à cœur de bien faire et de prendre soin de la belle japonaise révisée, polishée, chromée, estimée, valorisée et tout ces qualificatifs en "é" qui mènent immanquablement la pensée à les associer avec des verbes comme planter, glisser, casser, tarter, débosseler ou même souder.
Bref. J'y vais franchement avec des papillons dans l'estomac.
Il fait une chaleur à crever.
La descente vers le départ s'effectue dans un joyeux défilé avec cuirs ouverts et yeux plissés, visières ouvertes. Tout le monde cherche le petit courant d'air frais. Peine perdue, il n'y en a pas. Je constate qu'il y a du monde venu pour nous voir monter ! Et même pas mal. Je n'y avais pas fais attention jusqu'alors. J'ai un peu le trac ? Peut-être.
Une fois en bas, il faut faire demi-tour (reste concentré, le but est de remonter) Le temps que les près de 130 motos et pilotes manœuvrent, on a le temps de béquiller et d'aller chercher de l'eau fraiche mise à disposition par l'organisation. Merci ! 
Tout le monde est à la queue-leu-leu, en rang par deux ou trois. Certains chauffent leurs moteurs quand la majorité préfère pousser les machines à pied pour laisser reposer la mécanique.
Du coin de l'oeil, en essayant de garder une posture détendue, je surveille les départs. Les motos s'égrainent dans la montée, quittant la base de la colline toutes les trente secondes.
Des pilotes casqués que je ne reconnais pas me disent qu'ils sont contents de me voir enfin parmi eux. Je ne peux pas me cacher, avec ma plaque numéro "Galipometre" !

C'est mon tour. Moteur tournant, j'ai serré la jugulaire de mon casque (le jet à paillettes !) fermé les écoutilles de mon cuir, vérifié les scratchs de mes gants. 
Gégé "Popeye" me reçoit en pré-grille et affiche un large sourire. D'une tape dans le dos il m'invite à glisser jusqu'à Kévin, le starter. Celui-ci attend l'ordre de Jacques situé 200 mètres plus haut et muni d'un drapeau, pour me laisser attaquer la côte.
Le drapeau s'abaisse, Kévin me libère. 
Je relâche la poignée d'embrayage et mets les gaz. La vénérable sept-et-demi décolle avec souplesse. Deux, puis troisième rapport et c'est déjà l'heure de rétrograder pour passer le premier virage. Je me loupe complet. A ma décharge je dois dire que je n'ai pas fait un tour de roue avec la CB depuis un an !
Et puis je n'ose pas la brusquer. Suit un enchainement rapide qui permet de prendre de la vitesse mais, dans ma précipitation, je ne décompose pas assez le passage des rapports et provoque de faux points morts... Ce n'est pas grave pour la mécanique, beaucoup plus pour mon amour propre ! 

Merci Pierre ! ;-)
En plus j'aborde au même moment une des épingles où est posté Pierre H et son boitier, qui n'a pas manqué d'immortaliser ma déroute (heureusement on entend pas le bruit sur les photos!) La suite est du même tonneau, avec toutefois une vitesse plus soutenue et, au fil des virages, la décontraction tant attendue. 
J'ai repris mes marques: ajusté ma position en selle, déserré les fesses, relâché mes mains autour du guidon, serré le réservoir entre mes jambes et redressé mon dos, puis cherché les appuis aux repose-pieds pour enfin les trouver et les rendre plus efficaces.
Sauf qu'à ce jeu là j'avais déjà franchi la ligne d'arrivée. 
Heureusement, il me reste une montée.
Petit débriefe avec Fred, qui m'incite à me détendre au guidon. Mes repères fraîchement retrouvés me rassurent et c'est avec plaisir cette fois que je reprends la descente pour gagner le départ.
Les pilotes et leurs montures "stockés" au départ

Même joueur joue encore. Demi-tour en bas, eau fraiche pour patienter, fausse décontraction assumée.
Les bécanes partent à l'assaut de la montée, non seulement pour assurer le spectacle mais aussi (et surtout?) pour tenter de rafraichir leurs pilotes. 
Le ciel est d'azur et le soleil est haut et cogne fort.
C'est mon tour. 
Le drapeau s'abaisse, Kévin me libère. Je relâche l'embrayage avec beaucoup plus de gaz. La bécane ne s'en laisse pas compter et réagit presque comme une "moderne". Parti comme un boulet (on voit la Bresse d'ici...) j'ai choisi sur les conseils de Fred d'exploiter la longueur des rapports. Et ça marche ! La Honda est dotée d'une super allonge. Elle prend des tours sans s'essouffler, me permettant de passer de virages en épingles avec précision. Jouer entre le deuxième et le troisième rapport suffit amplement, même si la première s'impose dans quelques passages délicats. La boite étant plutôt lente, je suis sur un bon compromis mécanique. 
Je file entre les rangs de vigne. J'ai juste eu le temps d'apercevoir Nad dans le dernier gauche avant d'entrer dans la fraicheur du sous-bois. Gaz ! là ça roule ! Je fais tout de même attention à ne pas griffer les pots d'échappements dans les mises sur l'angle.
La Honda monte en régime dans un bruit caractéristique : inimitable !
La vitesse aidant, les appuis aux pieds comme au guidon sont juste impec', un régal.
On sort du bois non pas comme le loup, mais comme on entre dans le stadium d'un grand circuit allemand : lumière vive et public nombreux qui assiste au passage des deux derniers virages, sous les commentaires avisés et amplifiés du speaker. Le pied !

Merci Fred ! ;-)
C'est comme ça que je suis arrivé au sommet. Enfin bon, le sommet du Mont Brouilly ;-) 
Content, fatigué et avec la banane.
Voilà, c'est fait. J'ai fait une montée historique au guidon d'une "ancienne". 
Dire que cette idée trottait depuis belle lurette est encore un peu faible.
En revanche, ce que je pense pouvoir dire est que ce ne sera certainement pas la dernière ! 
Ginette, le side-car familial est éligible à la plupart de ces évènements passionnés et passionnants. Elle va peut-être reprendre ses atours de rallye routier abandonnés il y a trente ans... Nous en reparlerons.

D'ici là, remercie avec moi tout le staff de la Vieille Bécane Beaujolaise pour son accueil et sa bonne humeur, et Fred pour le prêt de sa Honda CB750 K2 à laquelle je n'ai pas ajouté une seule rayure (!!)

Des photos ? quelle question !  (en attendant l'épisode 3 !)








C'est la pause !





Arnaud "Tonton Raoul" Saint James se laisse aller. Et ça ventile ! - Brough Superior SS100





Gégé  ne rate pas une occasion pour tenter de nous fourguer des épinards






Dominique et Lucas, VBB






Un chouette basset type F2 à la motorisation atypique, un Yam Super T !






La Martin/Suz d'Etienne.






Philippe Blanchard, Ducati 900SS 1993






Le Honda 500 XLS 1981 de Jean-Pierre Villemagne






Une BSA à la poussette... dans le sens de la montée !






Maurice Maingret et sa Jawa 500 double-arbre de 1955




Pas de souci pour cette Peugeot P108 250 cm3 de 1931 : son pilote, Jean Paul Benas, la posée sur le repose-pied car elle ne dispose pas de béquille latérale ;-)




Le départ.






Patrick Theureau, Yamaha 650XS 1975 coursifiée par ses soins






Patrick Theureau attaque !






Pat le Zen, Yamaha 900 XJ 1983 - https://www.900-xj.com/






Alain Nicod au guidon et Cendrine Theureau au panier - Kawasaki 750






Pierre Boucard sur une 350 Honda replica de 1970






Simon Piguet, Suzuki 250 RGV 1991






Un membre du LOC ! Patrick Sollier et son superbe racer. Suzuki GS1000 1978





Etienne Bocard, inoxydable ! Martin/Suzuki GS 1100 1983






John Humpherson et Roger Peguignot, style inimitable !






Sébastien Vair, Yamaha TDR 80 1987






Frédéric Cornet, Honda CB750K2 1972 ;-) :-)






Alain Genoud, Kawasaki racer 900 (Z1 1979)





Christian Fauchille, 350 Aermacchi 1974, provenant de l'école de pilotage Tony Smith






Philippe Cheray, Honda 500 CX "torréfiée" 1979







Bernard Sciboz, Triumph T140 "Flat track" 1975






Yannick Gerez et Alain Scheurer (encore !! ;-) ) basset à moteur Suzuki 750






Bernard : vis ma vie de commissaire de piste à l'entrée du bois... ;-)  On est pas bien là?!


A suivre ... 
Dis donc ! J'ai fait plein de doublons. Le prochain épisode sera consacré à tous ceux que je n'ai pas encore blogués. Si tu cherches une photo de toi, ne râles pas, demande ! Si ça se trouve j'en ai une... Utilise le formulaire de contact ci-dessous.


4 commentaires:

  1. Tu as eu bien raison de te lancer... BRAVO !

    Pierre

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  2. Ça y'est tu as pris le virus si tu veux rouler encore on est nombreux à pouvoir te prêter une moto il n'y a qu'à demander et Nade à des photos de toi

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    1. Je suis sans voix ! Merci François. Cela dit, je pense que monter avec mon vieux side se fera, ce devrait être un sacré challenge ! Et de quoi passer de bons moment.
      Nade a des photos de moi ? Heu... C'est à dire ?! :-) :-) :-)

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