mardi 18 juin 2019

6 ème Montée Historique du Beaujolais - épisode 2

6ème montée historique du Beaujolais - Alain Genoud


6h00, dimanche matin.
Je suis engoncé dans mon duvet, dont j'ai fermé le capuchon pour lutter contre l'attaque d'un moustique particulièrement tenace. Je crève de chaud, mais je sens que je vais l'avoir à l'usure. Le diptère finit par se lasser et change de cible au moment ou Christian, pilote de l'Aermacchi ex-école Tony Smith et Seb de "l'atelier des motards" entament une conversation pile devant mon barnum. Ils ne m'ont pas vu. 
La grasse matinée est fichue, autant se lever. Et puis, pourquoi ne pas se mêler de la conversation ? Il est vrai qu'à l'heure qu'il est, maîtriser le régime moteur d'une Honda 250 CBR Japonaise importée au compte gouttes dans un coin sombre des années 90 mérite réflexion. Tu trouves aussi ? Ah pardon.
Mais c'est aussi cela que j'aime dans le contexte "montée historique" et je n'en veux donc à personne. Je me marre franchement, même.
Le temps "mornaille" comme on dit par chez nous . Il ne pleut pas franchement, les nuages défilent et le fond de l'air est frais. Les participants qui n'ont pas dormi sur place arrivent par petits groupes. Les autres sortent de leurs tentes ou de leurs camions. Tous enfilent leurs cuirs et partout ce sont les mêmes gestes. Gaby parvient à revêtir la fameuse combinaison de cuir achetée l'hiver passé, celle qui était un poil juste aux entournures, d'autres règlent les écrans de casques ou préparent leurs gants. Alain Genoud chauffe son racer, Maurice Maingret kicke la Suzuki 750 GS coursifiée "Corbeau Racing", Claude Delannoy et Marius Giroud ont réglé leur basset BMW pour l'occasion. Ça sent la piste !

6ème montée historique du Beaujolais - Patrick scotche Cendrine

Les signaleurs sont briefés et partent se poster le long de la montée. Il faut encore leur tirer notre chapeau puisque sans eux  tout ceci ne serait pas possible. 

6ème montée historique du Beaujolais - Briefing signaleurs

Jacques, le président de la VBB informe ensuite les pilotes rassemblés des conditions de roulage et leur rappelle les règles élémentaires de sécurité. 
J'apprends que je vais avoir l'honneur d'ouvrir la piste en emmenant dans mon panier des élus locaux dont monsieur Basset, le maire de Saint Lager. Etonnant, moi qui ne dispose que d'un attelage "grandes roues"... ;-)

6ème montée historique du Beaujolais - Briefing pilotes


Pour se rendre au départ il faut descendre au pied du Mont Brouilly. En effet, pour des raisons pratiques le paddock se trouve à son sommet. Et c'est chouette ! 
Nous nous alignons derrière les ouvreurs, Jacques et Kévin. Monsieur le Maire semble plutôt détendu. Nous entamons la descente alors qu'il pleut légèrement. 
Dans ce sens la sortie du bois est superbe et, malgré le ciel plombé, la vue est imprenable. Au premier plan le vignoble, puis la pente et le regard plongent vers le village de Saint Lager. Au delà s'étire la plaine alluviale de la Saône. A gauche le regard porte  jusqu'à l'horizon barré par le Mont Blanc et les Alpes. A droite se profile Belleville-sur-Saône puis la Calade, Villefranche-sur-Saône et Lyon enfin, dont la lisière est marquée par le profil des Mont Thou et Cindre, reconnaissables aux "boules" radars militaires situées à leurs sommets.
Bravo ! Je me ressaisis et prend le virage à droite suivant, m'obligeant (au grand soulagement de mon passager) à quitter le paysage des yeux.
Voilà le départ. Une aire de demi-tour est prévue, que j'utilise en dérapage pour gagner en rayon de braquage. Héhé... sûrement le seul endroit du secteur ou je peux faire le malin !
Nous voilà en place sur la ligne de départ. Celle-ci est gardée par l'inénarrable Gérard "Gégé" Piegay alias "Popeye", un des piliers de la VBB. 
Pendant ce temps Jacques s'est positionné à hauteur du premier virage. De là bas il agite alors un drapeau vert... Gégé me libère d'une tape sur l"épaule.
Gaz ! 
Ginette est en pleine forme. Je lâche le 900, gavé par la fameuse rampe de carburateurs qui m'a bien occupé ces dernières semaines. Le premier virage est hésitant : il me faut prendre des repères. Pas de souci, ça roule.
La suite permet de prendre un peu de vitesse. La bruine matinale a un peu "graissé" le goudron, l'adhérence est précaire. Je suis obligé de contre-braquer en permanence pour maintenir une trajectoire potable. Dans les virages à gauche la roue avant refuse de "mordre" : braquée à fond à gauche nous allons tout droit ! Je dois soulager les gaz pour lui permettre de reprendre du grip et nous guider. Un singe actif aurait été bien utile dans ces conditions. Le mien est confortablement installé et pousse de petits cris de satisfaction...Monsieur le Maire s'accroche d'une main et, de l'autre filme avec son téléphone ! 
La deuxième chicane est déjà derrière nous. L'inclinaison de la pente prend encore quelques degrés, la mécanique fonctionne comme dans un rêve. 
Comme la boite tire long, je ne tricote pas et joue sur l'allonge. C'est plus simple. Ginette pousse des vocalises que je ne lui connaissait pas. J'ai bien fait de revoir la fixation du gros silencieux Yoshimura carbone, le bruit dégagé est épatant : c'est une mue !
Les pieds de vigne sont flous, les bords de la piste si près ! C'est le pied intégral, la trajectoire se dessine au poil. 
Au moment de rentrer dans le bois je soulage car les arbres sont vraiment très proches. Malgré cela la route est sèche sous les feuillages. J'en remet un couche, tombe un rapport et loupe l'entrée de l'épingle. Lucas le signaleur sourcille. Il n'aurait pas fait comme ça avec son BM ;-). Je gaze de plus belle, corrige et continue l'ascension (facile en cette veille de Pentecôte).
La sortie du bois: virage serré à droite et en public. Je tire la langue et ferme un oeil pour bien viser. J'ai l'impression de filer comme le vent mais ce n'est sûrement qu'une impression. Je n'entends pas les commentaires de Franck "Balto" le speaker (quel dommage ! :-) ) et voilà déjà l'arrivée.
2200 mètres parcourus à tombeau ouvert. 10 virages, 8 épingles. Un pente de 15 à 16% pour un dénivelé de 257 mètres. Le sommet ? Altitude 477 mètres. 
Demi-tour sur l'aire d'arrivée, contact coupé.

6ème montée historique du Beaujolais - Ginette, prête à y retourner

J'ai les avant-bras en feu. C'est qu'il faut s'en occuper de Ginette ! L'enchainement des virages est une vraie séance de musculation.
Monsieur le Maire s'extrait avec souplesse du panier. Après une solide poignée de main le voilà déjà en train de montrer la vidéo fraichement réalisée à tous les administrés à portée de main. J'espère juste avoir été à la hauteur de ce baptême... Je l'observe, ça doit aller, il n'a même pas enlevé son casque.
Les autres participants nous rejoignent au fur et à mesure, pendant que le soleil joue à cache à cache avec les nuages.
Ginette et moi avons enchainé deux autres montées dans la foulée, toujours avec des élus locaux, plus ou moins rassurés mais à priori conquis à l'arrivée. 

6ème montée historique du Beaujolais - Lily Gauthier Gokgoz, Franck Balto et Maïté Fernandes, trio de choc !

Le temps passe vite quand on s'amuse : il est déjà midi.
A la Vieille Bécane Beaujolaise on ne plaisante pas avec  la pause repas. Ce dimanche une paella géante est prévue. 
Et chacun de se mettre à la file dans une bonne humeur communicative pour prendre son plateau. Plus de 200 repas seront servis, sans anicroches comme ça, au sommet du Mont Brouilly. Extra.
De mon côté, j'avais ouï dire que Cendrine avait préparé un tiramisu au fraises, accompagné d'une crème brûlée. C'est donc avec un plaisir décuplé que j'ai retrouvé une joyeuse bande attablée sous une toile, l'oeil pétillant et en attente gourmande de dessert. Il y a là Patrick, Didier, Nad, François, Jean-Marc, Sylvie, Michèle, Gaby, Alain et Alain et tous les voisins de paddock dont les sens sont stimulés par l'odeur du caramel minute réalisé au chalumeau par Cendrine.
Comment résister ? Fort heureusement la démonstration n'est pas chronométrée, sinon j'aurais dû remballer direct : trop lourd et somnolent, impossible de marquer un temps ! 

6ème montée historique du Beaujolais - A taaaable !


6ème montée historique du Beaujolais - La crème brûlée, c'est comme le tiramisu : incontournable !

L'après-midi je décide de descendre à pied pour moissonner des photos. Ginette digère et moi aussi. Je retrouve mes sensations, plus habituelles. Azimut brutal, essayer de trouver le point de vue que d'autres n'ont peut-être pas pris le temps de chercher. Plus facile à dire qu'à faire, comme toujours. Je me suis empêtré dans les ronces une paire de fois avant de me retrouver dans une épingle en sous bois. J'y ai retrouvé Pierre H, en train de photographier lui aussi chaque participants. Raté pour l'exclu !  ;-) Avec Pierre nous nous sommes souvent retrouvés postés sur des branches ou en haut de talus escarpés pour tenter le bon cliché... C'est amusant d'être tombé dessus au hasard d'un bosquet !

J'ai rempli mes cartes mémoires avant de regagner le paddock. 
Je m'étais équipé pour partir faire une dernière montée lorsque la démo a été neutralisée. En effet, un équipage de side-caristes a eu une petite mésaventure, heureusement sans conséquences.  Alain Nicod, au guidon de son basset Kawasaki 750 a perdu son singe Alain Scheurer, passé par l'avant au freinage. Normal, ce side est une "sortie avant". Les Alain ont peut-être voulu illustrer le truc !  
Quelques contusions et rayures plus tard, la journée étant bien avancée, le président a souhaité avec raison arrêter la manifestation. Juste une petite heure avant la fin. Passé l'instant de déception, chacun a pu réaliser à quel point cette journée était réussie et n'a donc pas discuté, d'autant que de gros nuages sombres s'avançaient.

Comme à la VBB ont ne plaisante pas (enfin, pas tout le temps !) une remise de prix était organisée histoire de marquer le coup et formaliser la clôture de la montée, jusqu'à l'année prochaine.
Cette année l'accent a été mis sur la participation féminine. Toutes les participantes ont été récompensées, présentées au micro et se sont vues remettre des trophées. Les "singes", les "solos", la plus jeune, ont ainsi été mises à l'honneur.
Par ailleurs la plus belle moto a reçu un prix,  une Martin/Suz de toutes beauté, et la plus ancienne également, une AutoMoto A16 de 1931.










6ème montée historique du Beaujolais - une remise des prix des plus charmantes : merci mesdames !

Chacun a pu ensuite démonter son campement, toujours dans une bonne humeur et une ambiance fort sympathique malgré les première gouttes de pluie qui, cette fois, allaient s'installer pour quelques heures. Pas grave : la montée est finie, tous les participants ont pu en profiter au maximum dans un cadre superbe.
Pour ma part, après avoir chargé Ginette de tout mon bazar bien plié, j'ai pris la route de Lyon avec, en prime, toute la pluie possible. Il y a bien longtemps que je n'ai pas été aussi trempé à moto ... Mon cuir mettra 3 jours entiers à sécher !
Mais quel plaisir ! Un weekend extra, avec des gens extras organisé par des gens extras...
Que demander de plus ?
A l'année prochaine !

Merci à Maïté et Jacques ainsi qu'à tous les membres de la VBB pour leur accueil, aussi pro que sympathique !
Merci à Cendrine et Patrick, pour cet incroyable garde-manger pour gourmet (ou une armée de gourmets en campagne!)
Merci à tous ceux que j'ai pu croiser tout au long de ce weekend !

A suivre ... un épisode 3, en photos !

 
6ème montée historique du Beaujolais - Alain Herault et son Norton Racer 750


 





6ème montée historique du Beaujolais - Bruno Breucq pose avec la Kawasaki 350 S2 1971, pilotée par Laurence Pourelle





6ème montée historique du Beaujolais - Arnaud "tonton Raoul" Saint James teste la Honda Replica de "l'atelier des motards"




6ème montée historique du Beaujolais - Cédric Pepey revioent du CT sur sa Yamaha 900 XJ 1987





6ème montée historique du Beaujolais - Bernard Sciboz chauffe le 560 H-D Rotax de son épouse Marlyse






6ème montée historique du Beaujolais - Des Suisses discutent les papiers des véhicules... ;-)





6ème montée historique du Beaujolais - Patrick Maitre et son Honda CBG 250 1976 bien tapé !






6ème montée historique du Beaujolais - Kévin Dumas, marshall de luxe !






6ème montée historique du Beaujolais - Maurice Maingret à la banane : il découvre son Suz' 750 GS du jour. Un pur produit "Corbeau Racing" !






6ème montée historique du Beaujolais - Les Cotte: Florent (le fils) au guidon, Jean-Luc (le père) pousse






6ème montée historique du Beaujolais - Exclusif ! Etienne Bocard (Beringer Brakes) et Alain Genoud vont se faire une toile.






6ème montée historique du Beaujolais - Andréas Frei Kawasaki 1000R 1983, superbe état d'origine, comme sorti de la concession et même pas restauré. Ah la Suisse !






6ème montée historique du Beaujolais - Daniel Bissière, Harley Davidson XL 1000 "fonte" 1980






6ème montée historique du Beaujolais -Pascal Rochat au guidon, Willer Hauwiuk au panier. BMW Kneeler 960, 1973





6ème montée historique du Beaujolais - Alain Nicod au guidon, Alain Scheurer au panier. Basset de 1976 à moteur Kawasaki 750 liquide type GPZ






6ème montée historique du Beaujolais - Philippe Meige, Martin/Suzuki 1000 GS 1978 (d'apparence raide neuve !!!)






6ème montée historique du Beaujolais - Denis "ça va l'faire !" Desbat, Suzuki 750 GS 1977







6ème montée historique du Beaujolais - la BMO va ouvrir la voie. Quand il s'agit de s'amuser, ces messieurs ne sont pas les derniers !






6ème montée historique du Beaujolais - Jacques Fernandes, le prez de la VBB !






6ème montée historique du Beaujolais - un bloc 1000 Laverda dans un basset > la classe !







6ème montée historique du Beaujolais - Pendant ce temps là...







6ème montée historique du Beaujolais - Pendant ce temps là, Alain démonte sa rampe histoire de lui faire "le coup du chameau"






6ème montée historique du Beaujolais - Greg n'a pas trouvé le réglage, mais le plaisir est tout de même là !







6ème montée historique du Beaujolais - Patrick et Jean-Marc ne diront pas le contraire, le side-cariste est un perfectionniste !





6ème montée historique du Beaujolais - Didier Gillet n'est pas venu pour amuser le terrain. Laverda 500 Formula 1978






6ème montée historique du Beaujolais - Le tandem Claude Delannoy/Marius Giroud gazent dans le sous-bois.







6ème montée historique du Beaujolais -






6ème montée historique du Beaujolais - le team TRT ! Patrick et Cendy Theureau - Yamaha






6ème montée historique du Beaujolais - Régis Raffour au guidon, Frédéric Berger au panier Yamaha 1200FJ/Side-Bike Comète





6ème montée historique du Beaujolais - le Kawasaki 1300/6 de Patrice patiente tranquillement

6 commentaires:

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  2. Salut flo superbe reportage pour revivre ce week end et tu as choisi une belle photo pour conclure!a bientot.patrice

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  3. jacques et maïté19 juin 2019 à 20:49

    rrrhhhooouuu !!!! toujours autant de plaisir à te lire !!!!! biz jacques et maïté

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  4. Bonjour,
    Et merci pour tes photos et tes commentaires ...............humoristiques et réalistes ...

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