dimanche 11 août 2019

Le collectionneur

Sésame, ouvre toi !


Il y a des fois où il faut retourner piocher dans le dictionnaire pour être sûr de ce qu'on découvre. Au détour d'un chemin une rencontre change la donne et remet l'accent sur la définition du terme en question : la Passion (avec un grand P)
Vaste sujet ! (de BAC) Je te rassure, je ne vais pas disserter sur le thème, surtout lorsque cela a à voir, tu t'en doutes, avec ce qui nous occupe ici : la moto sous toutes ses formes.
D'ailleurs nous pourrions un de ces jours nous attarder sur le point de vue philosophique et plus tard, aborder inévitablement l'angle pathologique... Il y en aurait des choses à dire !

Mais ce dont je veux te parler aujourd'hui me remémore non sans humour le film "Ali Baba et les quarante voleurs", la version avec Fernandel et la fameuse chanson... Je précise tout de même qu'il n'est pas question de larcin, mais plutôt de trésor caché.
En effet, je suis passé souvent devant la grotte secrète ! Je ne savais pas ce qu'elle contenait et je n'en détenais pas le mot de passe.
Peut-être te souviens-tu d'avoir partagé avec moi l'été dernier un road trip estival ayant pour but le Moulin de Sylvette.   
C'est dans cette vaste région que j'ai cru me retrouver dans un conte pareil à ceux que tu retrouves dans Les Mille et Une Nuits. Il y a donc un peu de magie dans tout cela...

Ma tante me disait : "il faut qu'à l'occasion je te présente Monsieur J, tu pourrais aller voir ses motos !"  et bien sûr le temps passait et je ne rencontrais pas Monsieur J. Sans regrets d'ailleurs, puisqu'à chaque fois mon but de visite était plutôt familial.
Cette fois-ci ce fut différent. Sylvette avait anticipé et contacté Monsieur J avant mon arrivée.
Il m'attendait donc de pied ferme pour me faire découvrir ses brêles. 
Je savais, surtout pour les avoir entendus, que se cachaient là quelques moteurs intéressants. 
Mais jamais je n'aurais pu imaginer ce que j'allais découvrir: tout simplement un garage de rêve, voir dans mon cas, le garage rêvé.
Toc toc toc !
Monsieur J ouvre la porte d'entrée et m'invite à pénétrer dans son antre. Il s'excuse du bazar qui y règne, ce qui est une question de point de vue. Si le bazar consiste à trouver dans un salon "normal" une motocyclette Triumph (une Trophy 500 des années 60) et un solex, alors ici c'est franchement le bazar.
Ce n'est rien encore... Nous faisons connaissance autour d'une canette de soda histoire de briser la glace, puis je suis mon hôte jusqu'à l'épicentre de sa passion. Une porte au fond de la cuisine mène au saint des saints : l'écurie attenante à la maison a été aménagée en atelier et garage. 
Sésame, ouvre toi !
Là, sous mes yeux ébahis sont proprement alignées une huitaine de bécanes, et non des moindres. Un 450 scrambler Ducati, une Laverda 750 Super Freni 1, une Norton Commando 850 de 1978 équipée d'un freinage APRacing et d'un mono-carbu Mikuni, un autre mono desmo Ducati 450 "de route", et trois Triumph de plus, dont un Trident de 1973, une Bonnie profondément revue pour la piste et une autre au moteur tapé pour la route (arbres à cames et réalésage au top). Monsieur J m'avoue qu'il dispose encore de plusieurs motos du même tonneau qui attendent d'être réveillées, dont quelques Bavaroises.

Ducati 450 Scrambler


A propos de réveil, c'est bien moi qui en aurait besoin... Voir ces motos rassemblées là, au milieu de nulle part ressemble à un privilège. En fait, j'en suis sûr, c'en est un !
Ce qui est certain, c'est qu'il m'aurait fallu bien plus de temps pour détailler, prendre des notes, chercher des détails...
Pendant ce temps Monsieur J a entrepris de démarrer certains de ses bolides histoire de joindre le son à l'image. Je ne t'ai pas dit ? L'heureux homme est un professionnel de la mécanique de précision. Inutile de te dire que chacun des modèles  présentés ici sont tous dans un état de fonctionnement irréprochable. Leur "jus" est cependant respecté, la plupart des peintures sont d'origine (sauf les deux Ducat')

Donc lorsqu'il s'agit de démarrer, les mécaniques ne se font pas prier. De toutes façons au cas ou, l'atelier est des plus fournis pour palier le moindre souci : pont, servantes dotées d'une ribambelle d'outils, un tour, une perceuse à colonne et une microbilleuse permettent de voir venir. Un atelier idéal ! 
La Norton, la Ducati, la Laverda puis une Triumph s'ébrouent à la première sollicitation. 

Cette Triumph Bonneville va craquer au premier coup de kick !

Quel pied ! Oh bien sûr, tu diras qu'il ne m'en faut pas beaucoup. Mais tout de même ! 
Alors bon, tu comprendras que cette réunion de mécaniques mythiques n'est pas commune; on diras même que Monsieur J a une veine terrible ou un portefeuille bien garni. De la veine, certainement. En revanche il avoue lui même avoir acheté et récupéré ces vénérables motos il y a fort longtemps, quand personne n'en voulait. C'est que, vois tu, il poursuit son rêve de jeunesse : sa première moto était une anglaise, du coup il est naturellement orienté vers la moto européenne et Grand Bretonne en particulier.
La Laverda sera d'ailleurs bientôt à vendre, n'ayant pas la même aura à ses yeux.
Je le  pardonne volontiers (moi qui vénère pourtant l'italienne) tant la passion de Monsieur J est communicative. 

Pressé par des convenances familiales, je n'ai pas pu faire durer ce moment.
C'est avec regret que j'ai dû quitter Monsieur J et sa splendide collection, non sans avoir pris la précaution de lui indiquer que je reviendrai un de ces jours approfondir mes observations.
Tu l'auras compris, cette rencontre inattendue et fort instructive a pris toute sa valeur dans le fait qu'elle est tenue secrète, privée. 
Il faut le mot de passe et comme Ali, j'en suis resté baba !


De la cuisine à l'atelier ... il n'y a qu'un escalier !




Ducati 450 desmo





Ducati 450 desmo





Norton 850 Commando - Triumph Trident




Norton 850 Commando - fourche modifiée pour recevoir le porte étrier APRacing





Norton 850 Commando - Détail...





Le cuir ...





Cette Triumph est un bitza destiné à la piste




Triumph trident 1973




Laverda 750 SF1





Laverda 750 SF1





Laverda 750 SF1, elle démarre !





Quelques pièces négligemment déposées...




Une certaine idée du ... Triumph ! ;-)

4 commentaires:

  1. Très bel article! Ca fait du bien de revoir toutes ces belles bécanes qui faisaient rêver l'ado que j'étais il y a... pas loin de 50 ans. ;-)
    Merci à toi.

    Daniel

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  2. Et bien Daniel, avec plaisir ! J'ai un faible pour les petites vieilles... :-) :-)

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