Voilà
quelque chose digne de te sortir de cette torpeur estivale !
Après
ces quelques montées en démo, j'ai eu l'occasion de détailler une
curieuse moto.
En
réalité elle n'a à priori rien d'extraordinaire.
Elle
s'inscrit dans la lignée des « popu » des années 50, ou
l'immédiat après guerre avait désigné d'office la moto comme
moyen de transport de premier plan, reléguant l'automobile au rayon
des objets de luxe.
Avec un
peu plus d'attention, on s’aperçoit cette bécane est Allemande et
que bizarrement elle porte la marque Triumph.
Etonnant !
Alors même que les Alliés se partagent l'Europe, une marque de moto
Anglaise produirait sur le sol Allemand ?
Bien sûr
que non ! Mais alors, d'où vient cette curiosité ?
Il faut
pour comprendre, remonter le temps jusqu'en 1885.
Siegfried
Bettman, jeune immigré Allemand, commence à produire des
bicyclettes au Royaume Uni, à destination de son pays d'origine.
Dès
1886, en fin commercial, il comprend que son nom n'est pas un atout
pour le développement de son affaire.
Parlant
couramment le français et l'anglais en plus de sa langue natale, il
choisit un nom dont la phonétique leur est commune : Triumph.
Bettman
s'associe alors avec un technicien originaire comme lui de Nuremberg,
Mauritz Schulte. et avec lui installe leur usine à Coventry, dans le
bassin industriel le plus développé d'Angleterre.
En 1902,
Bettman et Shulte installent un moteur belge « Minerva »
dans une partie cycle dérivée des vélos qu'ils produisent. C'est
la première moto Triumph !
En 1905,
la marque s'implante dans la région natale des deux associés, en
Allemagne, à Nuremberg. Cette filiale est appelée TWN pour« Triumph
Werke Nurnberg » (l'usine Triumph de Nuremberg)
La
production Anglaise et Allemande fonctionnera dans un même sens
jusqu'en 1929 (avec des moteurs communs en 250 et 500cc). Pour
l'export, les TWN sont un temps rebaptisées « Orial »
mais, dans les années 20 un producteur Lyonnais (!!) de motos
portant le même nom contraint l'usine à reprendre son nom originel.
Le premier crack boursier permet à la firme Allemande de prendre son
indépendance.
La production se différencie alors sous l'impulsion
d'Otto Rieze, qui construit la BD250, premier « split single » deux temps,
qui fera l'originalité de la marque. Il s'agit d'un faux
bi-cylindre, deux pistons montent ensembles chacun dans leur chemise,
mais compriment dans une chambre de combustion commune.
C'est le
principe moteur de la moto que je présente aujourd'hui.
Ce type
de moteur sera développé dans plusieurs cylindrées, jusqu'en 1956,
année qui verra la marque rachetée par un certain Max Grundig,
patron du groupe Adler (qui fabriqua jadis des motos), spécialisé
dans les ...machines à écrire ! Ce sera la fin de TWN comme
producteur de motos.
Un peu
de technique !
La moto
que tu voies là est donc un 350 « split single » de
1953. Son petit nom est « Boss » !
Deux
temps, double piston, doté de deux carburateurs qui fournissent un
mélange aspiré par balayage continu.
La
puissance avoisine les 16 cv à 3800 trs/min, dans le bruit toujours
sympa et caractéristique des moteurs deux temps.
C'est
tout à fait honorable pour cette cylindrée, d'autant que ce modèle
était très souvent attelé. D'où la présence -surprenante mais
logique- d'un frein à tambour arrière à commande hydraulique.
Quelques
détails intéressants permettent de juger quels sont les points qui
intéressent le motard d'alors : accélérateur à poignée
tournante, transmission par chaîne sous carter étanche, cadre prêt
a recevoir un attelage. On peut ajouter que d'origine on trouvait
également une large selle biplace très accueillante.
Très
populaire, ce modèle a été très largement diffusé outre Rhin, et
plus modestement dans le Nord-Est de la France.
Celle
que je te présente a fait l'objet d'une restauration complète (La
plupart des pièces se dénichent sans trop de peine chez des
spécialistes Allemands) et tourne régulièrement. Elle est
cependant montée en monoplace avec tan-sad sur le garde boue
arrière, ce qui était très fréquent à l'époque.
J'ai
comme d'habitude réuni un petit album photo pour que tu puisses te
faire une idée !
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