mardi 5 avril 2016

Kawasaki 1100 GPZ de course, par AGZ !

La pluie n'arrête pas le pèlerin. 
Elle n'arrête pas non plus l'amateur de belles mécaniques.

C'est pourquoi en ce petit matin frais de fin mars je me suis dirigé vers un recoin paisible de la grande banlieue lyonnaise.
Paisible ? assurément. En béquillant Mamy ZRX dans une petite rue pavillonnaire, il n'y a guère que le ruissellement des gouttes à observer. Mais, à mieux écouter, les rires et les éclats d'une conversation animée proviennent de la porte entrebâillée du sous sol de la maison voisine.
Point de suspense ! tu ne peux plus attendre.
Cette maison, ou plutôt son sous-bassement, est l'antre de Monsieur G ... 
Oh oui, je t'en ai déjà parlé ! tu as déjà pu observer ici quel génie créatif et passionné hante les lieux, piqué au sang vert de la Kawasaki Motors Corp.
Descendre dans son atelier c'est comme entrer en religion. 
Cette caverne recèle de trésors frappés de la lettre K, accompagnée de trois lettres désormais incontournables : AGZ. 
Pour y accéder il faut s'enfoncer sous la maison. Un temps d'adaptation, et la rétine accroche d'abord le 900Z1 raide de neuf béquillé là, luisant dans la pénombre. Puis la 1300Z préparée du maitre des lieux. Elles sont exposées presque négligemment.
Des draps suspendus comme des fantômes couvrent d'autres machines, des projets entamés, des tronçons de motos. Les machines outils se partagent le reste de l'espace. 
Une lumière me guide ensuite vers le fond, vers le Saint des Saints. 
J'en pousse la porte, et se dévoile l'Atelier.
Un établi, une table élévatrice. Un adorable fatras à l'organisation personnalisée révèle la méticulosité de l'occupant. Chaque chose à sa place, chaque place à sa chose ! (même si on jurerai que c'est le chantier)
Un aquarium prend place sur l'une des faces de ce lieux atypique, un 700 litres au moins, comme pour canaliser les énergies qui se dégagent ici. C'est apaisant.
La porte se referme derrière moi tandis que trois mines joviales m'accueillent. Il y a là l'ineffable Monsieur G, le maitre des lieux, Monsieur Z que l'on ne présente plus, et Max, ami et client du premier cité.
C'est justement pour admirer la progression de travaux réalisés sur la moto de Max que Monsieur Z et moi sommes venus. Ça, c'est la version officielle. 
La vérité serait plutôt de dire que les "barrettes" et l’œil pétillant de Monsieur G nous manquaient ! Mais la pudeur nous l'interdit certainement. Heureusement, nous nous sommes bien rattrapés et avons fait le plein  de douceurs mécaniques, fait augmenter notre taux de glucides et celui de nos gamma GT, mais c'est une autre histoire ... 

Kawasaki 1100 GPZ B1 par AGZ... superbe !
Chez AGZ, donc (soit à ce qu'on dit) on ne vient pas contrôler l'avancement des travaux, mais "admirer leur progression".
C'est donc ce que Max est venu faire ce matin. L’œil mis clos, attentif au delà du possible, il détaille sa commande.
Surveillé par un banc de poissons, trône sur la table élévatrice au centre de l'atelier ce qui était autrefois un Kawasaki 1100 GPZ B1 de 1983.
Oui, et alors ?
Comme tu le sais maintenant, Monsieur G ne fait pas les choses à moitié. La machine va être sacrifiée sur l'autel de la performance. Pas de bricolage ou d'améliorations "tuning". Pas de travail repris derrière quelqu'un d'autre. C'est 100% ou rien.


Kawasaki 1100 GPZ B1 par AGZ
Alors voilà. Le vaillant GPZ a donc été entièrement démonté. Pas une rondelle, pas une vis n'a été épargnée.
Le cadre mis à nu, il a été décapé, puis renforcé. Des goussets ont été soudés, ainsi que des pattes d'ancrage permettant le réglage en inclinaison des amortisseurs. Le tout a ensuite été zingué puis traité à l'époxy, couleur de finition gris mate.
Un bras oscillant et une roue de Zéphir 750 prennent place à l'arrière, pendant que le train avant se voit équipé d'un ensemble provenant d'un 1100 ZRX. Les tubes de fourche ont été rallongés pour proposer une assiette convenable à la future moto. Ils font également l'objet d'une préparation interne AGZ, pour assurer un mariage parfait -et complètement réglable- avec une paire d'amortisseurs EMC sur mesure.

Kawasaki 1100 GPZ B1 par AGZ - platine d'ancrage et amortisseur EMC

Le moteur quant-à lui est revu en profondeur. Entièrement refait à neuf, il est réalésé pour obtenir une cylindrée de 1166 cm3. L'équipage mobile est donc neuf, équilibré et doté de pistons forgés. Les arbres à cames ont été usinés pour offrir le meilleur rendement à cette mécanique, dont la puissance est estimée (avant passage au banc) à 130 chevaux.
Tu noteras que le carter d'alternateur, à gauche, présente une découpe qui permettra de descendre sur l'angle maxi sans le faire frotter... superbe !
Nourri par une rampe Mikuni RS36 équipée des cornets souhaités par Max  (Monsieur G ne te conseilleras pas l'emploi de ce genre de produits... mais le client est roi ! )  le moulin souffle dans une ligne courte Moriwaki au ramage métallique extraordinaire. 
La transmission secondaire se fait à l'aide d'une chaine en 520 sur une couronne racing en aluminium. 

Kawasaki 1100 GPZ B1 par AGZ - découpe du carter d'alternateur en vue d'angler sans arrières pensées !

Le poste de pilotage n'est pas en reste.
Max, pilote heureux propriétaire de la belle, profitera pleinement des commandes reculées taillées dans la masse, imaginées et conçues par Monsieur G. Elle sont bien entendu réglables. 
Il usera pleinement de sa science du contre-braquage grâce au large guidon, pourvu des inévitables commandes Beringer largement plébiscitées chez AGZ. Le barillet de gaz à tirage rapide en aluminium promet d'instinctives montées en régimes... 
L'assise reste conventionnelle, avec une selle proche de l'origine. 

En effet, le brave GPZ doit se conformer aux exigences des règles en vigueur pour courir en catégorie "classique". La ligne générale est préservée, tandis que des éléments notoires sont conservés.
Par exemple le freinage avant doit être assuré par des étriers à quatre pistons, comme à l'époque. Monsieur G a choisi ici des étriers Brembo série or, tout à fait modernes mais pourvus des quatre pistons réglementaires. Les durites sont tressées, évidemment.
Dans le même esprit, si les bobines d'allumage se doivent d'être d'origine, elles sont néanmoins secondées par des fils haute tension et des antiparasites modernes. L'avance, le retard et la rupture d'allumage sont réglables via un boitier électronique commandé par un plateau de calage spécifique. Et la batterie ? elle est au lithium et ne pèse que 340 grammes... 
Cerise sur le gâteau : toute la visserie (entretoises, supports moteurs etc...) de la machine  est en titane !
De quoi largement alléger la bête d'une manière extrêmement efficace et discrète. 

Le plus dingue est que cette liste pléthorique n'est certainement pas exhaustive... Cette moto destinée aux courses de gentlemen n'est pas terminée.

Si tu as la chance de te rendre au prochain Sunday Ride Classic sur le circuit du Castellet (16 et 17 avril 2016) tu pourras l'admirer dans le paddock, la voir fendre l'air dans la ligne droite du Mistral, et l'entendre empiler les glinches avant de rentrer dans Signes plein angle, avec au guidon un Max aux anges, maîtrisant une cavalerie aussi docile que puissante...

Du Nurburgring à Spa-Francorchamps, de Aragon à Magny-Cours, en passant par Le Paul Ricard, n'en déplaise à certains Savoyards ;-) les Kawasaki AGZ ne sont jamais en retard !

Héhé ... des photos ? Quelle question ! 


Kawasaki 1100 GPZ B1 par AGZ - train avant

 
Kawasaki 1100 GPZ B1 par AGZ - Etrier Brembo série Or monté sur une platine maison



Kawasaki 1100 GPZ B1 par AGZ - La rampe de carbus Mikuni RS36


Kawasaki 1100 GPZ B1 par AGZ - les cornets alu de Max !




Kawasaki 1100 GPZ B1 par AGZ - redonner son lustre à une rampe trentenaire n'est pas simple !



Kawasaki 1100 GPZ B1 par AGZ - En rouge, la batterie. En bleu le boitier d'allumage.



Kawasaki 1100 GPZ B1 par AGZ - En rouge, la batterie. En bleu le boitier d'allumage.


Kawasaki 1100 GPZ B1 par AGZ - le récupérateur des vapeurs d'huile et son reniflard



Kawasaki 1100 GPZ B1 par AGZ - le récupérateur des vapeurs d'huile et son reniflard. Au premier plan la vis de support moteur et son entretoise, tous deux en titane.



Kawasaki 1100 GPZ B1 par AGZ - platine de réglage et amortisseur EMC



Kawasaki 1100 GPZ B1 par AGZ - Bras oscillant et roue de Zéphir 750, étrier de frein Beringer sur un disque maison.



Kawasaki 1100 GPZ B1 par AGZ - mandoline alu taillée dans la masse supportant un étrier Beringer avec sa biellette de maintien montée sur rotule uniball



Kawasaki 1100 GPZ B1 par AGZ - couronne racing en aluminium




Kawasaki 1100 GPZ B1 par AGZ - couronne racing en aluminium, et chaine en 520





Kawasaki 1100 GPZ B1 par AGZ - le "silencieux" Moriwaki - le montage de la platine de repose pied droit



Kawasaki 1100 GPZ B1 par AGZ - train avant ZRX 1100 modifié

Kawasaki 1100 GPZ B1 par AGZ - poste de pilotage. Reste à finaliser, équiper et régler selon les desiderata du pilote.


Kawasaki 1100 GPZ B1 par AGZ - détail de la fourche



Kawasaki 1100 GPZ B1 par AGZ - support compte-tours




Kawasaki 1100 GPZ B1 par AGZ



Kawasaki 1100 GPZ B1 par AGZ - sélecteur




Kawasaki 1100 GPZ B1 par AGZ - repose pied gauche, sélecteur et carter d'alternateur modifié



Kawasaki 1100 GPZ B1 par AGZ - détails du cadre



Kawasaki 1100 GPZ B1 par AGZ




Malgré les apparences, on ne bulle pas chez AGZ ...

3 commentaires:

  1. C'est beau... ça fait saliver à mort.... si un jour je m'extrais de Paris pour des cieux plus roulants, que Monsieur G existe encore et qu'un providentiel héritage me tombe dessus (parce que cela ne doit pas être donné, tout cela...)... je me laisserais bien tenter.....

    Pierre

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  2. C'est sûr ! moi aussi... mais il est vrai que ce n'est pas donné, bien entendu.
    Je ne l'ai pas noté dans mon article, mais la GPZ que tu découvres ici est le fruit de plus de 200 heures de travail, et elle n'est pas terminée.
    C'est un véritable plaisir de pouvoir détailler ces belles vertes de près !
    Je suis bien content de pouvoir t'en faire profiter.
    ;-)
    Flo

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  3. ah oui quand même.... 200 heures.... au prix de l'heure du spécialiste lyonnais...sans parler de la base et des pièces (le titane, c'est donné !)... il va me falloir deux héritages alors !
    Bon.... je m'en vais commander du cyanure....

    Pierre

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