Quand je suis entré dans l'atelier, Thomas m'a désigné cette moto du menton en me disant que je devrais l'essayer.
Bien sûr, avec plaisir ! Et puis j'ai regardé la bête de plus près : une BMW R100GS.
Une peinture noire, une selle confort issue d'une sellerie Lyonnaise (GARA) un amortisseur arrière sur mesure EMC agrémentent avec classe un modèle "Paris Dakar" des années 90. En parfait état, il ne totalise que 54000 km !
Immédiatement, en bon fan de courses de déserts, j'ai en tête les photos des rallyes africains. Notamment les Paris Dakar des années 80 avec Hubert Auriol et Gaston Rahier, ramenant plusieurs victoires et podium pour la marque à l'hélice.
Rendez vous est pris pour le lendemain matin.
C'est tout excité que je suis arrivé pour cet essai pas comme les autres.
je précise : comme tu le sais, je ne vais que te transmettre mes impressions de motards au quotidien sans prétentions journalistiques. En l'occurrence, ce type de moto m'a toujours attiré et fait rêver, imaginant de longs périples transcontinentaux mêlant les exploits des rallymen et l'Aventure avec un grand A.
Donc > excitation !
BMW R100GS |
Tu dois penser que je suis un peu à la masse de m'extasier sur une bécane trentenaire.
Ce serait un peu court ...
Il faut comprendre que cette moto, et sa "maman" la R80G/S, a popularisé le trail-bike au delà du possible.
Dès 1980, BMW a proposé une série "Gelände/Strasse" (Tout terrain/Route) qui s'est rapidement imposée sur un marché très concurrentiel jusque là dominé par le Japon, Yamaha et Kawasaki en tête. La firme Bavaroise a tout simplement compris que pour gagner la bataille il fallait penser que les clients roulent le plus souvent sur la route. Les motos devaient donc être construites pour cela, tout en gardant leurs aptitudes tout terrain. Légèreté (relative), solidité et fiabilité.
L'image des compétitions, rallyes africains en premier lieu, à fait le reste ...
Bref, la R80G/S puis la R100GS, c'est tout simplement la révolution.
BMW R100GS |
J'ai replié la béquille centrale, la moto s'est posée avec souplesse. Une légère poussée a suffit à la sortir sur le parking, tranquillement. Les manœuvres à la poussette sont assez faciles, grâce à l'équilibre général de la machine.
Je me suis assis dessus avant de démarrer. Je voulais prendre mon temps pour détailler le tableau de bord typique de l'époque : outres les infos habituelles, on y trouve une montre... autres temps ! Le compte tour est à peine plus gros que cette dernière, son rôle restant plus informatif que nécessaire à la conduite. Le gros "flat" se conduit à l'oreille et au ressenti.
Une fois insérée la clé au centre du tableau de bord, il faut la tourner jusqu'au point de contact. Une pression ferme du pouce sur le bouton du démarreur permet au moteur de s'ébrouer et, sur un filet de starter (à câble) de prendre ses tours benoitement.
A cet instant, le couple de renversement est surprenant et perceptible d'une façon presque agréable. En tous cas, moi, j'ai cru entendre le moteur me dire joyeusement : "Ah ! ça y est ! on y va ?"
Un quart de tour supplémentaire de la clé permet d'activer l'alimentation des feux.
Quelques instants de chauffe à l'arrêt m'ont permis de prendre mes marques. Je tenais en particulier à vérifier que mon tibia droit ne viendrai pas s'encastrer dans le cylindre au premier stop... ne ris pas ! c'est très douloureux... ;-) J'ai toujours le cache culbus du Nine-T de Fred tatoué à cet endroit ...
Départ. Première verrouillée en douceur, sans bruit.
Je lâche l'embrayage doucement et la BMW R100GS décolle dans le bruissement caractéristique du bicylindre à plat, qui fait à bas régime furieusement penser à celui d'une deux chevaux.
Dès les premiers tours de roues l'équilibre naturel de la moto se fait sentir. Ou plutôt, fait que tu ne sens rien. Ou plutôt, que tu ne sens ou ressens que le nécessaire.
C'est bluffant pour une bécane de son âge. Bien entendu un constat s'impose d'évidence : voilà pourquoi depuis tant d'années on croise sur tous types de routes, par tous les temps partout dans le monde des BMW GS depuis plus de trente ans !
BMW R100GS, le tableau de bord |
Mais revenons à nos moutons. La position de conduite est juste impeccable. Le dos droit, les pieds à l'aplomb des épaules et du bassin, les bras pas trop écartés (bien moins que sur un 1200GS moderne) Le guidon tombe pile sous les mains. C'est néanmoins pratique car, comme la majorité des flats BM, on conduit "au guidon" Le fonctionnement du moteur gommant l'efficacité des appuis aux pieds.
La longue selle permet de varier cette position pour une question de confort pour le citadin routier, ou de charger l'avant ou l'arrière de la moto selon les besoins de l'amateur de tout terrain.
Le centre de gravité est placé assez bas, vu le poids du moteur par rapport à l'ensemble et, de fait, malgré une hauteur importante la R100GS offre une maniabilité hors pair.
Prendre de l'angle, attaquer sur les petites routes ou faire demi tour dans un mouchoir de poche est d'une facilité déconcertante et procure sensations et plaisir à des vitesses légales.
Dans le même temps sa partie cycle neutre, l'angle de chasse assez ouvert et ses grandes roues offrent une stabilité sans égale à haute vitesse ... Bien sûr les suspensions à grands débattements te feront faire un peu de "cheval à bascule" sur le freinage, mais sans exagération (bien moins que sur un africa twin 750 par exemple)
Puisque j'en parle, le freinage -simple disque avant muni d'un étrier 2 pistons / tambour arrière- est un poil juste si l'on se comporte comme un fichu sagouin de pilote de moto moderne.
Si tu considères le frein moteur proposé par le boxer, si tu y ajoutes une dose d'expérience et de jugeote, tu feras la nique au chrono et au sagouin pilote de moto moderne, sans user plaquettes et garnitures. Il y a fort à parier que tu y gagneras en respect et en jus de houblons, et gratuitement encore !
Car voilà la tranche bien juteuse de cet essai : le moteur. Le "flat", le "boxer"... un twin à plat quoi !
La BMW R100GS est propulsée par un 1000cc (987cc pour être tatillon) alimenté par deux gros carburateur Bing. Ce n'est pas un monstre de puissance. Il délivre environ 65 chevaux à 6500 tours ( soit juste avant la zone rouge) Cependant, il offre une bonne louche de couple : environ 8 kgf/m (kilogramme force meter, mètre/kilo in french) dès 3750 tours, à comparer avec la Yamaha MT-07 actuelle par exemple, bicylindre délivrant 7 kgf/m à 6500 trs...
Pour ne rien gâter, ce 1000 est doté d'une allonge insondable et reprend très bas dans les tours pour escalader le compte tours vigoureusement dès que le besoin s'en fait sentir. Il est épatant.
La boite de vitesse est assez lente mais précise avec un verrouillage des rapports agréable. Je la qualifierais "d'onctueuse". Elle se fait rapidement oublier tant l'élasticité du moteur semble dosable à volonté.
Bien entendu point d'électronique. En cas de problème (si cela devait arriver, quelque part dans le désert ou sur le trottoir devant chez toi) c'est une mécanique abordable que tout un chacun peu réparer avec une cuillère à café, une bite et un couteau.
Nous y voilà ! tu es informé sur ces point techniques. Mais ce n'est vraiment pas là l'essentiel.
L'essentiel est là, sous mes fesses au moment ou je pense à la formule que je vais employer pour t'expliquer comme il est simple parfois de... non.
Vois-tu, ce moteur est capable de tracter paisiblement à 1000 tours en quatre. Il peut aussi se transmuter en tapis volant très rapide et précis d'une simple rotation du poignet droit. Oui, peut-être moins rapidement que d'autres... mais là, on s'en fiche. Rouler avec la R100GS est une source de plaisir inépuisable. C'est tout. Je ne sais même pas comment j'ai pu passer à côté d'un truc pareil aussi longtemps.
BMW R100GS, en route ! |
Voilà, c'est fait. Je sais maintenant à quoi m'en tenir.
Je n'ai envie que d'une chose : charger les bagages et partir loin, par delà les montagnes sans m'arrêter... un peu comme Lucky Luke sur un Jolly Jumper mécanique et Bavarois.
Je ne peux que t'enjoindre à ouvrir tes chakras et a tester ce genre de sensations, ce genre de moto. La BMW R100GS est la figure de proue des trail-bikes désormais appelées "youngtimers" et son essai est, à n'en pas douter, incontournable. Si tu en as l'occasion n'hésite pas une seconde !
Si tu es déjà convaincu, sache que le modèle que je te présente ici est à vendre.
Pour tout renseignement contacte Speck Motos & Atelier à Villeurbanne ou via le facebook de l'atelier
Bien entendu, j'ai pris plus de photos...
Enjoy !
BMW R100GS, commodo droit |
BMW R100GS, commodo gauche. Celui dispose encore de la commande clignotant unique |
BMW R100GS cylindre gauche et son gros Bing |
BMW R100GS, cylindre droit, gros Bing et radiateur d'huile sur le pare-cylindre |
BMW R100GS, la roue arrière bien dégagée pour une éventuelle intervention en plein désert ... |
BMW R100GS, le train avant |
BMW R100GS, le pont arrière et l'amorto EMC |
BMW R100GS |
BMW R100GS |
BMW R100GS, vue de dessus ! |
BMW R100GS |
BMW R100GS, en route, debout ! |
BMW R100GS, petit clin d’œil au spécialiste original ! |
BMW R100GS |
Tu prêches un convaincu, je roule avec la mienne depuis 15 ans....
RépondreSupprimerJe connais celle de ton essai, c'était celle d'un ami (roulement de direction à changer ;)
Veinard ! Rouler avec cette bécane m'a redonné envie d'aller acheter mon pain en faisant de graaaands détours, le retour aux sources quoi. Les roulements de colonne vont bien maintenant ;-) ...
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