Cela fait quelques jours que je suis rentré de ce weekend épique, et je ne trouve toujours pas les mots pour le décrire.
Je pourrais te parler d'un enfant visitant l'atelier du Père Noël (ça parle à tous le monde) mais c'est tellement petit à côté que je ne vois pas d'autre solution que de t'expliquer ce que j'ai traversé et ressenti.
Tout à commencé il y a quelques mois lorsque Fred m'a proposé de l'accompagner au Castellet pour assister au 80ème Bol d'Or.
Mais pas dans n'importe quelles conditions : grâce à de solides relations professionnelles, nous avons pu bénéficier d'un traitement de faveur apte à provoquer quelques jalousies !
En effet, un accueil VIP nous était réservé, nous permettant de vivre l'évènement de l'intérieur depuis les loges situées au-dessus des stands. La cerise sur le gâteau étant l'accès à la pit-lane pratiquement à volonté ... Je sais, c'est extraordinaire pour un passionné de moto et pour tout dire quasi magique.
C'est donc excité comme une puce que j'ai rejoint Fred et sa fameuse CB750 "Four" K2 1972 ce vendredi matin.
Objectif : depuis le sud lyonnais, gagner le Castellet via le maximum de petites routes, histoire de se mettre "un paquet de bornes" et d'en profiter bien comme il faut.
L'itinéraire ? De l'éprouvé : Valence, Crest, Die, puis Nyons via l'inoubliable D61 (environ 90km de virages ininterrompus)
Vaison-la-Romaine, l'incontournable Mont Ventoux (son brouillard et ses moins de dix degrés au sommet !) Bedouin, les somptueux paysages du Luberon, Perthuis, Aix en Provence, pour finir par quelques kilomètres d'autoroute histoire de ne pas se tromper.
Génial ! Mamy ZRX et Mamy CB Four ont brillamment surmontés les éléments et révisé leur géographie. Rien ne leur a été épargné : la pluie, le vent, la chaleur, les interminables montées, les cols suivis de descentes vertigineuses... Fred et moi nous sommes infligés près de 8 heures de selle pour parvenir à notre but.
Tu sais quoi ? nous y avons pris du plaisir ! Ne vois aucune considération masochiste là dedans. Juste un maximum de bécane.
Tu sais quoi ? nous y avons pris du plaisir ! Ne vois aucune considération masochiste là dedans. Juste un maximum de bécane.
Et notre weekend ne faisait que commencer sur le mythique circuit Paul Ricard.
Le sommet du Mont Ventoux... Brrr ! |
Nous sommes arrivés à point pour assister aux derniers préparatifs des équipages participants à la première manche du Bol d'Or Classique. La manche de nuit.
Deux heures à fond sur des machines "classiques" ayant participé à l'épreuve entre 1960 et 1991. Cela fait la part belle aux Suzuki GSX-R 1100 et 750, GSX 1000, Yamaha XS 1100, Motos Martin, Kawasaki ZXR-R et bien entendu les incontournables Godier-Genoud.
C'est justement auprès de ce type de machines et de leur pilotes que Fred et moi avons trouvé asile, accueillis au sein du Hampe Racing Team.
Sous le regard bienveillant de Gilles Hampe, le boss, nous avons rejoint Christian Haquin, un des pilotes.
En pleine séance de concentration ce dernier ne se départi jamais d'un regard malicieux et "joue" avec plaisir avec les photographes qui défilent dans les stands.
Sous le regard bienveillant de Gilles Hampe, le boss, nous avons rejoint Christian Haquin, un des pilotes.
Christian Haquin, prêt pour le départ du Bo; d'Or classic |
En pleine séance de concentration ce dernier ne se départi jamais d'un regard malicieux et "joue" avec plaisir avec les photographes qui défilent dans les stands.
Il faut sentir la pression monter, le staff se concentrer alors que le départ approche. La nuit tombant, les pilotes et leurs machines s'élancent dans un vrombissement impressionnant. Les "vieilles pétoires" (parfois plus neuves que neuves ! ) ne s'en laissent pas compter et abattent les tours avec régularité, suivant des chronos dont beaucoup rêveraient sur des machines plus modernes ...
Les relais s'enchainent. Les yeux rivés sur les écrans de contrôle officiels à l'arrière du stand, Gilles Hampe communique par radio avec la guérite de chronométrage et de panneautage du team située en bord de piste.
Tout est synchronisé et organisé, chaque opération a été mille fois répétée, le plan doit se dérouler sans accrocs. Ce ne sera malheureusement pas le cas, les motos rencontrant tour à tour quelques soucis.
Les relais s'enchainent. Les yeux rivés sur les écrans de contrôle officiels à l'arrière du stand, Gilles Hampe communique par radio avec la guérite de chronométrage et de panneautage du team située en bord de piste.
Tout est synchronisé et organisé, chaque opération a été mille fois répétée, le plan doit se dérouler sans accrocs. Ce ne sera malheureusement pas le cas, les motos rencontrant tour à tour quelques soucis.
La fin de cette première manche sonnera pour Fred et moi l'heure d'un repos bien mérité dans un hôtel des environs.
Deuxième manche du BOC le lendemain matin à 8h45. Le temps est au beau et il fait frais. Les mécaniques ne s'en portent que mieux.
Malgré les efforts des quatre pilotes et de belles bagarres, les machines du Hampe racing team joueront de malchance, avec un abandon pour Christian Haquin et son coéquipier Nicolas de Dieuleveut reléguant l'équipage à la 31ème place et une moyenne des deux manches repoussant l'autre moto, pilotée par Bruno Langlois et Christophe Charles Artigues à la 15ème. C'est rageant d'avoir autant de "pointures" aux guidons sans parvenir à concrétiser un résultat. Mais c'est la course !
La journée de ce samedi commençait à prendre une tournure particulière. Toujours en position d'observateurs privilégiés, Fred et moi attendions le début de l'évènement majeur de ce weekend, le fameux Bol d'Or, peut-être la plus grande course d'endurance moto au monde et assurément l'une des plus ancienne.
Pour rappel, il s'agit d'une épreuve de 24 heures, durant lesquelles plus de cinquante motos, pilotées par des équipages de trois à quatre pilotes, vont s'affronter. Le théâtre des opérations est le grand tracé du circuit Paul Ricard, le "5.8".
Cinq kilomètres et huit cent mètres, dont une des plus longues lignes droite sur circuit de la planète : 1800 mètres. C'est un circuit de "moteurs" car le tracé particulier, privilégiant la vitesse de pointe, sollicite fortement les mécaniques. Le tour s'effectue pour les meilleurs en 1.59mn pour une vitesse max de 343kmh, enregistrée par la Kawasaki ZX10-R du Trickstar Racing.
Les teams les plus en vue comme le Kawasaki SRC, le SERT (Suzuki) et le GMT94 (Yamaha) se sont répartis dans des box assez éloignés les uns des autres. Les autres, Honda et BMW en position plutôt centrale dans la pit-lane. Je signale ces points tant il parait évident que chacun a choisi ces emplacement selon leurs habitudes et leurs stratégies de course.
Ne perd pas de vue qu'une épreuve d'endurance telle que celle-ci se joue presque autant en amont (préparation, organisation, travail d'équipe ...) que le jour venu. La chance n'a pas sa place à ce stade, bien qu'elle joue parfois un rôle durant la course. Le reste est affaire de spécialistes, de véritables stratèges qui analysent, décodent toutes les infos disponibles comme leur chronos et ceux des adversaires, leur(s) vitesse(s), la consommation des moteurs, la nécessité de remplacer les pneumatiques, etc... Ils tentent de jouer avec "plusieurs coups d'avance" dès la course lancée.
Déambuler dans la voie des stands, observer les dernières mises en places, est très instructif. Les mécanos alignent leurs outils, matérialisent les emplacements de ravitaillement par du ruban adhésif au sol et certains continuent de s'entrainer au changement de roues jusqu'au dernier moment. C'est une véritable fourmilière dans laquelle s'active un monde de techniciens mais également d'amateurs passionnés.
Rien n'est laissé au hasard. On aperçois les ingénieurs pneumatiques prendre la température de la piste, les team managers donner leurs consignes, les photographes de presse se masser devant les stands en fonction de la popularité des pilotes ou des teams. C'est un joyeux bazar encadré par un service de sécurité discret mais bien présent.
Chaque équipe a installé sa moto sur la ligne de départ une demi-heure avant le début de l'épreuve. Les officiels et quelques "peoples" ont pu en profiter pour saluer la foule et les teams engagés et faire des photos.
A l'approche de l'heure fatidique, le public venu en masse (plus de 70000 personnes parait-il) gagne les tribunes et tout espace disponible pour pourvoir regarder le départ. Des écrans géants disséminés sur le circuit permettent à tous de n'en pas perdre une miette. La piste est évacuée.
15h moins trois minutes, la sonorisation diffuse un battement cardiaque assourdissant, ce qui a pour effet de focaliser l'attention de la foule sur les pilotes qui attendent debout d'un côté de la piste. Leurs motos les attendent de l'autre côté moteur éteint, maintenue par un membre de leur équipe.
Le coeur cesse de battre, la foule retient son souffle.
Ça y est ! les pilotes s'élancent en courant vers leurs machines, démarrent et partent à la vitesse de l'éclair.
Pendant un court instant le calme revient, mais c'est pour mieux entendre le hurlement, porté par le vent, des moteurs lancés à pleins régimes à l'entrée de la ligne droite du mistral à l'autre bout du circuit.
A peine deux minutes sont passées que les revoilà !
La course de 24 heures est lancée.
Le public a alors le choix : rester dans les tribunes ou partir visiter les différents espaces d'animations prévus pour l'occuper jusqu'au lendemain. Des concerts, une fête foraine, un village moto avec concessionnaires et accessoiristes, un autre dédié au enfants.
Fred et moi avons fait le tour des animations, puis nous avons choisi de rester près des stands et de la pit-lane pour suivre la course. Nous n'avons pas fait tout ce chemin pour faire des autos tamponneuses !
Observer les relais, les ravitaillements, les problèmes rencontrés par les équipes dont les membres gardent les yeux rivés sur les moniteurs de contrôle et de chronométrage. Les différentes méthodes de travail d'un box à l'autre, ou encore le sang froid des intervenants face à l'adversité. Ne pas s'avouer vaincu, chercher et trouver des solutions pour que la moto reste en piste...
Tout ceci dans un bruit de dingue. Un bruit supportable, mais permanent. Les motos qui déboulent à bloc dans la ligne droite des stands, celles qui roulent au limiteur dans la pit-lane, le bruit des pistolets pneumatiques, la sono du circuit, la foule et ses cornes de brume.
Suivre les tableaux de chronos et deviner qui ravitaillera bientôt devient un jeu pour le spectateur. Petit à petit les stratégies des équipes, jusqu'alors secrètes, apparaissent. On peut partir en conjectures ! Les commentaires vont bon train et il y a toujours un vieux de la vieille pour avoir le dernier mot.
Si le jour, qui plus est sous le soleil, permet aux pilotes une régularité "normale", la nuit reste une épreuve dans l'épreuve. La température baisse, et le circuit n'est que partiellement éclairé dans les zones dangereuses. Les motos sont équipées de phares et de feux de position. Le bruit, lui, ne change pas. Les chronos baissent légèrement, preuve que l'obscurité reste pénalisante.
Nous avons eu la chance de pouvoir faire un tour de circuit à bord d'un mini-bus (sur le chemin qui fait le tour de la piste) et de nous approcher du tracé vers 21h.
Je t'assure que voir, de nuit, les motos arriver sur les freins (dans le bruit caractéristique du mordant des plaquettes zzzzz!) puis entrer en courbe est purement sidérant. Le virage de la Sainte Baume, qui commande l'entrée de ligne droite, ou encore le double droite du Beausset dans lequel la prise d'angle est maximale sont des endroits où le temps parait suspendu. Les machines et leurs pilotes te passent sous le nez en un laps de temps si court que tu as l'impression d'être, toi, au ralenti. C'est irréel.
Et que dire de la ligne droite du mistral ? Une autre planète, certainement.
Guetter l'arrivée des bolides, surveiller les phares en approche, plisser les yeux pour tâcher de les suivre, tout cela est un sport à part entière.
Je n'imaginais pas un tel effet. Une moto qui arrive à près de 340kmh, passe en une fraction de seconde, puis disparait dans un souffle, dans un bruit assourdissant et une odeur de gaz brûlés. C'est vraiment difficile à décrire, ça prend aux tripes !
Nous avons ensuite poursuivi notre découverte des coulisses de ce 80ème Bol d'Or, en arpentant consciencieusement le paddock et la pit-lane de nuit.
Le spectacle est continu. La nuit accentue le travail des équipes et met en exergue la nervosité de chacun. Le manège continue de tourner, les relais s'enchainent, millimétrés.
Les panneauteurs affichent les infos dans la ligne droite des stands à l'attention des pilotes. Les panneaux sont lumineux et certains sont même motorisés, ils se déplient à la demande du panneauteur qui reste au chaud dans sa guérite, l'oeil fixé sur ses écrans. Étonnant !
Les abandons se succèdent également. Les pannes, la danse des mécanos autour de quelques machines malades...
Le staff prend une pause. Soudain c'est l'effervescence : une moto arrive alors qu'on ne l'attend pas. Il faut écouter les explications du pilote, diagnostiquer rapidement le problème. Démonter et remplacer la pièce qui en est la cause quand c'est possible, et permettre un retour rapide de la moto en course.
Les mécanos ont des nerfs d'acier ! Fred et moi en avons d'ailleurs croisé un qui gagne à être connu : Vincent. Ce jeune bachelier pro en mécanique moto se passionne pour la course d'endurance. C'est déjà son deuxième Bol, cette année au sein du team ECS #69 sur les deux Bols (le BOC et le Bol). De plus, il assure la maintenance de motos en courses sur d'autres championnats le reste de l'année. La relève est là !
Nous avons finalement rejoint nos pénates pour quelques (trop) courtes heures de sommeil, non sans avoir effectué un retour prudent vers l'hôtel sur nos motos, et par la route.
Au petit matin nous étions de retour sur le circuit pour constater qu'un certain nombre de stands avaient baissé le rideau, contraints à l'abandon aux premières lueurs de l'aube.
L'ambiance était au rendez-vous, avec un grand soleil et une température fraiche mais propice au bon fonctionnement des moteurs en piste.
Toute la nuit la Suzuki du SERT, La Kawasaki #11 du SRC et la Kawasaki des Japonais du Trick Star Racing se sont disputé la tête de la course, la Suzuki prenant largement l'avantage à l'aube.
Fred et moi avons pris le temps de refaire le même parcours dans les stands, avant de "prendre du souci" comme on dit à Lyon. C'est à dire que nous avons dû commencer à réfléchir à notre itinéraire de retour.
Sans regrets nous avions prévu de partir avant l'arrivée de la course pour profiter pleinement d'un bonne journée de balade qui nous ramènerait vers notre région.
Et alors ? C'est ce que nous avons fait !
Sachant que l'arrivée du Bol d'Or aurait lieu à 15h ce dimanche, et que nous connaitrions le résultat le soir à la maison (et que, sauf surprise le SERT allait l'emporter) nous avons pris la route pour rentrer via les routes en blanc et en jaune sur la carte. Modifiant quelque peu notre itinéraire, et bénéficiant d'une météo clémente, nous avons usé de la gomme à loisir via Perthuis, Carpentras, Vaison-la-Romaine, Dieulefit, Bourdeaux, Crest, jusqu'à Valence, où la pluie nous a rattrapé. Le trajet s'est achevé par autoroute, en raison de l'humidité ambiante ...
Un weekend extraordinaire, tu l'auras compris. Une véritable découverte. Remerciements éternels à Fred, et au Club14 sans qui cela n'aurait pas été possible. J'espère qu'un jour tu pourras essayer de vivre ce genre d'évènement de l'intérieur, et tenter d'en saisir l'âme.
Des photos ? tu m'étonnes ! ;-)
Ne perd pas de vue qu'une épreuve d'endurance telle que celle-ci se joue presque autant en amont (préparation, organisation, travail d'équipe ...) que le jour venu. La chance n'a pas sa place à ce stade, bien qu'elle joue parfois un rôle durant la course. Le reste est affaire de spécialistes, de véritables stratèges qui analysent, décodent toutes les infos disponibles comme leur chronos et ceux des adversaires, leur(s) vitesse(s), la consommation des moteurs, la nécessité de remplacer les pneumatiques, etc... Ils tentent de jouer avec "plusieurs coups d'avance" dès la course lancée.
Déambuler dans la voie des stands, observer les dernières mises en places, est très instructif. Les mécanos alignent leurs outils, matérialisent les emplacements de ravitaillement par du ruban adhésif au sol et certains continuent de s'entrainer au changement de roues jusqu'au dernier moment. C'est une véritable fourmilière dans laquelle s'active un monde de techniciens mais également d'amateurs passionnés.
Rien n'est laissé au hasard. On aperçois les ingénieurs pneumatiques prendre la température de la piste, les team managers donner leurs consignes, les photographes de presse se masser devant les stands en fonction de la popularité des pilotes ou des teams. C'est un joyeux bazar encadré par un service de sécurité discret mais bien présent.
Chaque équipe a installé sa moto sur la ligne de départ une demi-heure avant le début de l'épreuve. Les officiels et quelques "peoples" ont pu en profiter pour saluer la foule et les teams engagés et faire des photos.
A l'approche de l'heure fatidique, le public venu en masse (plus de 70000 personnes parait-il) gagne les tribunes et tout espace disponible pour pourvoir regarder le départ. Des écrans géants disséminés sur le circuit permettent à tous de n'en pas perdre une miette. La piste est évacuée.
15h moins trois minutes, la sonorisation diffuse un battement cardiaque assourdissant, ce qui a pour effet de focaliser l'attention de la foule sur les pilotes qui attendent debout d'un côté de la piste. Leurs motos les attendent de l'autre côté moteur éteint, maintenue par un membre de leur équipe.
Le coeur cesse de battre, la foule retient son souffle.
Ça y est ! les pilotes s'élancent en courant vers leurs machines, démarrent et partent à la vitesse de l'éclair.
Pendant un court instant le calme revient, mais c'est pour mieux entendre le hurlement, porté par le vent, des moteurs lancés à pleins régimes à l'entrée de la ligne droite du mistral à l'autre bout du circuit.
A peine deux minutes sont passées que les revoilà !
Bol d'Or 2016 > le départ |
La course de 24 heures est lancée.
Le public a alors le choix : rester dans les tribunes ou partir visiter les différents espaces d'animations prévus pour l'occuper jusqu'au lendemain. Des concerts, une fête foraine, un village moto avec concessionnaires et accessoiristes, un autre dédié au enfants.
Fred et moi avons fait le tour des animations, puis nous avons choisi de rester près des stands et de la pit-lane pour suivre la course. Nous n'avons pas fait tout ce chemin pour faire des autos tamponneuses !
Observer les relais, les ravitaillements, les problèmes rencontrés par les équipes dont les membres gardent les yeux rivés sur les moniteurs de contrôle et de chronométrage. Les différentes méthodes de travail d'un box à l'autre, ou encore le sang froid des intervenants face à l'adversité. Ne pas s'avouer vaincu, chercher et trouver des solutions pour que la moto reste en piste...
Tout ceci dans un bruit de dingue. Un bruit supportable, mais permanent. Les motos qui déboulent à bloc dans la ligne droite des stands, celles qui roulent au limiteur dans la pit-lane, le bruit des pistolets pneumatiques, la sono du circuit, la foule et ses cornes de brume.
Suivre les tableaux de chronos et deviner qui ravitaillera bientôt devient un jeu pour le spectateur. Petit à petit les stratégies des équipes, jusqu'alors secrètes, apparaissent. On peut partir en conjectures ! Les commentaires vont bon train et il y a toujours un vieux de la vieille pour avoir le dernier mot.
Si le jour, qui plus est sous le soleil, permet aux pilotes une régularité "normale", la nuit reste une épreuve dans l'épreuve. La température baisse, et le circuit n'est que partiellement éclairé dans les zones dangereuses. Les motos sont équipées de phares et de feux de position. Le bruit, lui, ne change pas. Les chronos baissent légèrement, preuve que l'obscurité reste pénalisante.
Nous avons eu la chance de pouvoir faire un tour de circuit à bord d'un mini-bus (sur le chemin qui fait le tour de la piste) et de nous approcher du tracé vers 21h.
Je t'assure que voir, de nuit, les motos arriver sur les freins (dans le bruit caractéristique du mordant des plaquettes zzzzz!) puis entrer en courbe est purement sidérant. Le virage de la Sainte Baume, qui commande l'entrée de ligne droite, ou encore le double droite du Beausset dans lequel la prise d'angle est maximale sont des endroits où le temps parait suspendu. Les machines et leurs pilotes te passent sous le nez en un laps de temps si court que tu as l'impression d'être, toi, au ralenti. C'est irréel.
Et que dire de la ligne droite du mistral ? Une autre planète, certainement.
Guetter l'arrivée des bolides, surveiller les phares en approche, plisser les yeux pour tâcher de les suivre, tout cela est un sport à part entière.
Je n'imaginais pas un tel effet. Une moto qui arrive à près de 340kmh, passe en une fraction de seconde, puis disparait dans un souffle, dans un bruit assourdissant et une odeur de gaz brûlés. C'est vraiment difficile à décrire, ça prend aux tripes !
Nous avons ensuite poursuivi notre découverte des coulisses de ce 80ème Bol d'Or, en arpentant consciencieusement le paddock et la pit-lane de nuit.
Le spectacle est continu. La nuit accentue le travail des équipes et met en exergue la nervosité de chacun. Le manège continue de tourner, les relais s'enchainent, millimétrés.
Les panneauteurs affichent les infos dans la ligne droite des stands à l'attention des pilotes. Les panneaux sont lumineux et certains sont même motorisés, ils se déplient à la demande du panneauteur qui reste au chaud dans sa guérite, l'oeil fixé sur ses écrans. Étonnant !
Bol d'Or 2016 >Les panneauteurs à l'affût ;-) |
Les abandons se succèdent également. Les pannes, la danse des mécanos autour de quelques machines malades...
Le staff prend une pause. Soudain c'est l'effervescence : une moto arrive alors qu'on ne l'attend pas. Il faut écouter les explications du pilote, diagnostiquer rapidement le problème. Démonter et remplacer la pièce qui en est la cause quand c'est possible, et permettre un retour rapide de la moto en course.
Les mécanos ont des nerfs d'acier ! Fred et moi en avons d'ailleurs croisé un qui gagne à être connu : Vincent. Ce jeune bachelier pro en mécanique moto se passionne pour la course d'endurance. C'est déjà son deuxième Bol, cette année au sein du team ECS #69 sur les deux Bols (le BOC et le Bol). De plus, il assure la maintenance de motos en courses sur d'autres championnats le reste de l'année. La relève est là !
Nous avons finalement rejoint nos pénates pour quelques (trop) courtes heures de sommeil, non sans avoir effectué un retour prudent vers l'hôtel sur nos motos, et par la route.
Au petit matin nous étions de retour sur le circuit pour constater qu'un certain nombre de stands avaient baissé le rideau, contraints à l'abandon aux premières lueurs de l'aube.
L'ambiance était au rendez-vous, avec un grand soleil et une température fraiche mais propice au bon fonctionnement des moteurs en piste.
Toute la nuit la Suzuki du SERT, La Kawasaki #11 du SRC et la Kawasaki des Japonais du Trick Star Racing se sont disputé la tête de la course, la Suzuki prenant largement l'avantage à l'aube.
Fred et moi avons pris le temps de refaire le même parcours dans les stands, avant de "prendre du souci" comme on dit à Lyon. C'est à dire que nous avons dû commencer à réfléchir à notre itinéraire de retour.
Sans regrets nous avions prévu de partir avant l'arrivée de la course pour profiter pleinement d'un bonne journée de balade qui nous ramènerait vers notre région.
Et alors ? C'est ce que nous avons fait !
Sachant que l'arrivée du Bol d'Or aurait lieu à 15h ce dimanche, et que nous connaitrions le résultat le soir à la maison (et que, sauf surprise le SERT allait l'emporter) nous avons pris la route pour rentrer via les routes en blanc et en jaune sur la carte. Modifiant quelque peu notre itinéraire, et bénéficiant d'une météo clémente, nous avons usé de la gomme à loisir via Perthuis, Carpentras, Vaison-la-Romaine, Dieulefit, Bourdeaux, Crest, jusqu'à Valence, où la pluie nous a rattrapé. Le trajet s'est achevé par autoroute, en raison de l'humidité ambiante ...
Un weekend extraordinaire, tu l'auras compris. Une véritable découverte. Remerciements éternels à Fred, et au Club14 sans qui cela n'aurait pas été possible. J'espère qu'un jour tu pourras essayer de vivre ce genre d'évènement de l'intérieur, et tenter d'en saisir l'âme.
Des photos ? tu m'étonnes ! ;-)
Christian Haquin (à gauche) et Bruno Langlois |
Ravitaillement de La "11" du Hampe Racing Team, Bol d'Or Classic 2016 |
Gilles Hampe |
Christian Haquin interview son coéquipier Nicolas de Dieuleveut |
Christian Haquin, concentré |
Opération de maintenance en direct à la télé ! |
Circuit Paul Ricard : la Courbe de Garlaban au fond, le Virage du Lac au premier plan |
Bol d'Or 2016 > Erwan Quellet, LMD63 Moto Journal |
Bol d'Or 2016 > Vincent, à gauche, dans le stand du team ECS |
Bol d'Or 2016 > Photo du team LMD63 Moto Journal |
Le chronométreur du Team Bolliger |
Bol d'Or 2016 > retour au stand après le warm up |
Bol d'Or 2016 > la Suzuki GSX-R du SERT dans la ligne de droite du Mistral |
Bol d'Or 2016 > Metiss JLC Moto |
Bol d'Or 2016 > la Yamaha R1 du team Viltaïs Expérience |
1 |
Bol d'Or 2016 > Kawasaki ZX10-R Team Bourgogne Athlétic Gym #21 |
Bol d'Or 2016 > Vincent, mécanicien du team Ecurie Chrono Sport #69. |
Bol d'Or 2016 > ravitaillement de la Honda officielle #111 |
Bol d'Or 2016 > le panneau indique au pilote du GMT94 que le box est prêt pour le ravitaillement. |
Bol d'Or 2016 > l'équipe du GMT94 se prépare à ravitailler |
Bol d'Or 2016 > le GMT94 ravitaille. En bleu à droite près de son pilote : Christophe Guyot, le boss. |
Bol d'Or 2016 > environ des 9h du matin. Dominique Méliand, le boss du SERT, attend pour le ravitaillement |
Bol d'Or 2016 > Randy De Puniet, Kawasaki SRC, Gilles Stafler, le team manager, à gauche. |
Bol d'Or 2016 > Randy De Puniet au guidon de la Kawasaki ZX10-R #11 du team SRC |
Bol d'Or 2016 > Carl Fogarty, à gauche, Dominique Méliand, à droite |
Bol d'Or 2016 > Kawasaki ZX10-R team DL Moto Racing |
Six Fours Les Plages, 8h00 du matin. Fred' immortalise un Four |
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