Les pépites, on les trouve par hasard.
Parfois on sait à peu près ou chercher.
Cela facilite un peu la tâche, mais n'en reste pas moins un travail de patience.
C'est un peu ce qui s'est passé ici.
Il y a déjà quelques temps que j'espérais pouvoir observer de près la machine que je te propose de découvrir aujourd'hui, mais son propriétaire repoussait malicieusement ce rendez-vous.
Avec un petit sourire, il me disait "vous verrez, vous verrez" ...
Et bien ce fut aujourd'hui. Une surprise !
Rickman Métisse Desert Racer |
Cette moto d'exception est une Rickman Métisse Desert Racer.
Dotée d'un moteur Triumph TR-6 (bicylindre de 650cm3), elle fait partie d'une série limitée à 300 exemplaires produite en 2006 pour commémorer le modèle original conçu par l'acteur Steve Mc Queen en 1966.
En effet, avec l'aide des frères Ekins (dont Bud, la doublure de Steve dans "la grande évasion" ... tu sais, le saut à moto à la fin du film !) et par ailleurs grands champions de motocross, Mc Queen a imaginé la moto idéale pour courir dans les conditions extrêmes des déserts Californiens ou Mexicains.
Les "bajas" sont des courses de vitesse et d'endurance sur plusieurs dizaines de miles, sur différents types de terrains généralement cassants et sans pitié pour la mécanique...
Sa recette était simple : un moteur et une boite d'orgine Triumph : Le 650 TR6 offrant le couple nécessaire à la motricité, dans une partie cycle légère : le fameux cadre Britannique des frères Rickman, habillé de fibre de verre (carénages Avon). Résultat 136 kg pour 47cv. Un rapport poids/puissance très intéressant et tout à fait contemporain.
Deux solutions techniques sont issues tout particulièrement de l'expérience de Mc Queen : les pontets de guidon d'origine BSA, qui permettent de décaler le guidon derrière l'axe de la colonne de direction, et les repose-pieds surdimensionnés, le tout pour un solide maintient de la moto en position debout.
La fourche est une Ceriani 35mm dont le débattement est revu (+ 20cm) pour encaisser les gros chocs. les amortisseurs arrière sont des Girling, adoubés par les nombreux podium en motocross qui ont poussé les Rickman à créer leur entreprise de fabrique de cadres et pièces spéciales en 1964.
Car si notre ami Steve en est venu à choisir cet écrin si particulier pour son moteur, c'est qu'il y a une raison !
Poussés par leur père Ernie, garagiste, mécanicien, préparateur et pilote de speedway émérite, les frères Rickman, Don et Dereck tombent dans la marmite dès leur plus jeune âge. Apprentis mécanos durant la guerre, il reprennent le garage familial qu'ils transforment au milieux des années 50 en magasin de pièces détachées et accessoires pour motos d'abord tout terrain puis route et enfin piste (road race)
Tout en écumant les terrains de cross et autres courses, glanant de nombreuses victoires, ils poursuivent le projet d'une moto idéale pour le tout terrain. Ils trouvent alors la solution en mariant un cadre BSA avec une fourche Norton et un moteur Triumph T110. C'est la TRI-BSA, qui remporte 60 victoires avant d'être battue. C'est la première Rickman.
En 1961, il commencent à construire leurs cadres en acier Reynolds 531, offrant légèreté et robustesse. Ce cadre sert également de réservoir d'huile, ce qui permet de se passer d'un vrai réservoir trop volumineux et fragile. Cela favorise également le refroidissement du liquide et garanti une pression constante. Les crossmen s'en félicitent : fini les serrages moteur suite à défaut de graissage !
Le terme Français "Métisse" date de 1959 et a quant-à lui été choisi pour souligner le métissage possible entre le cadre Rickman et les différentes motorisations qu'il peut héberger, sur et hors route. Trouvé dans un dictionnaire par les deux frères, son sens et sa sonorité les a convaincu !
Le bouchon de remplissage d'huile est situé sur le tube supérieur du cadre. Dessous tu distingues les durites de retour, finement soudées. A gauche, la colonne de direction. C'est beau ! |
C'est ce type de cadre qui équipe notre belle du jour.
Celle-ci est tout simplement superbe.
En amateur averti de motos Anglaises, son propriétaire l'entretien et la protège jalousement. On le comprend !
Elle ne roule que rarement hors bitume ...
J'aimerais néanmoins voir ce que ça donne gaz en grand, filant comme le vents entre les cactus candélabres dans le bruit assourdissant du twin en échappements libres ... ah ça doit vraiment être bon !
Tu l'auras compris, cette moto est le fruit d'un assemblage particulièrement soigné afin de proposer fiabilité et performances.
C'est toujours d'actualité, même si le moteur est un "pré-unit" (à boite séparée donc) avec le sélecteur à droite, première en haut, et ne démarre qu'au kick.
Toutes les pièces proviennent de stocks d'époque, saupoudrées de petites touches discrètes mais incontournables aujourd'hui, tel l'allumage électronique, l'éclairage nécessaire à la circulation sur route (le modèle d'origine n'en est bien sûr pas équipé) et le compteur kilométrique type vtt.
La première mise en circulation date bien, elle, de 1966, carte grise à l'appui.
Ce Desert Racer dégage une impression de légèreté et de maniabilité aussi flagrante qu'une enduro moderne.
Le dessin du moteur, souligné par les tubulures d'échappement dépourvues de silencieux est d'une simplicité désarmante. C'est beau.
Et comme tu le sais, ce qui est beau et simple est forcément efficace et performant !
Cette prise de contact fut enrichissante, mais de courte durée. J'ai dû laisser filer la Métisse...
Et d'un coup de kick bien placé son propriétaire a redonné vie au moteur, pour prendre la route dans un grondement grisant.
Bonne route Steve ! * et merci !
* j'ai changé le nom du propriétaire à sa demande, car il ne souhaite pas être reconnu, sauf peut-être par des admiratrices de Monsieur McQueen... ;-) si c'est ton cas ... hum ! écris moi, je transmettrai ! ;-)
Bien entendu j'ai pris quelques clichés pour te faire profiter de cette beauté mécanique.
Rickman Métisse Desert Racer |
Les coudes d'échappements... on se voit dedans ! |
La roue arrière d'origine BSA, avec la flasque du tambour au centre de la couronne |
Le robinet d'essence devant le carburateur Amal |
Le kick, la boite de vitesses et son sélecteur à droite. Dessous, le repose-pied de belle taille. |
La qualité des soudures des cadres Rickman ne s'est jamais démentie ! |
Le remplissage d'huile, côté droit. Superbe ! |
L'Union Jack veille au grain... |
La selle, minimaliste, est confortable. Elle trône au sommet du kit "Avon Fairings" qui habille le Desert Racer. |
Commodo gauche et réservoir fibre |
Commodo droit, avec le tirage rapide (1 câble) qui commande le carbu ... gaz ! |
Le réglage de la garde du câble de frein avant ... rustique, costaud. Efficace ? le réglage oui, le freinage... |
Le feu "tomate" imposé pour rouler sur la route ... modèle d'époque, il s'intègre bien à la ligne générale. |
Bouchon de réservoir type "Monza". Sur le té supérieur, la concession à la modernité avec ce compteur d'origine cycliste. |
Le phare et sa nacelle, nécessaire pour rouler sur route |
Le té supérieur et ses pontets, d'origine BSA |
Superbe courbe des échappements, destinée à contourner la botte du pilote en position debout |
Le logo porte la signature de Steve McQueen ... |
Carter gauche, pédale de frein et repose-pied "McQueen" |
Steve * dans ses oeuvres, "kickant" le twin Triumph d'un coup de jarret décidé |
Bonne route Steve ! * |
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