Après-midi sur trois roues

Tu vois, ce qui passe plutôt bien c'est d'être à Lyon à moins de vingt minutes d'un coin de verdure. Peu importe l'azimut, tu es sûr de te retrouver rapidement sur de petites routes avec de chouettes points de vues.

Surtout quand, comme aujourd'hui, tu t'improvises un viron de deux heures.

Pour l'occasion j'ai sorti Ginette, le side-car familial, histoire de lui dégourdir les bielles et d'en remontrer aux ceusses qui croient qu'à trois roues on ne peut pas les doubler ... héhé !

Ginette, le side-car Yamaha 900XJ / Goliath Rallye

Plus sérieusement, et puisque je n'ai rien à prouver, j'ai exploré la campagne alentour le nez au vent et à un train de sénateur.

Ah ! quel plaisir de humer le parfum du printemps ! Manque juste un peu de chaleur.

Mais ne nous plaignons pas, et puisque tout vient à qui sait attendre, j'ai joué du tricycle fraichement jusqu'aux confins de l'agglomération. Histoire de surveiller la pousse des blés et le vol des parapentistes. Les deux se portent bien même s'il semble que les seconds aient du mal à éviter de se poser sur les premiers !

Rien de grave. D'humeur légère, Ginette n'a pas sorti la grosse attaque. Tout juste le panier s'est-il levé dans quelques recoins qui l'imposaient, pour éviter de se faire trop secouer. Comme je n'avais pas embarqué de passager, personne pour faire le singe ... du coup l'attelage était alerte et réactif. Peut-être un peu trop. 

M'enfin, ce ne sont pas ce genre de choses qui nous arrêtent.  

Non, ce qui nous arrête ce sont les paysages de la région, propices à la rêverie et à l'introspection. 

Atterrissage de parapentistes en dessous de la Croix Rampau

Forte de son "nouveau" moteur, fruit d'un transplantation maison, Ginette m'a baladé avec vigueur dans ce paysage vallonné et parfois escarpé. Je suis vraiment épaté de voir avec quelle aisance nous avons gravi, puis descendu, tous ces dénivelés.

Jamais traitre (encore heureux !) l'attelage fait montre d'une maniabilité agréable et efficace. Il file droit, ne vibre pas ni ne guidonne. Quel pied de mettre du gaz et de tenir la traj' proprement !  Quelques deux roues talonnés de-ci de-là se sont demandé ce qu'il se passait, c'est sûr ;-)

Car le ronronnement du 900 peut parfois se muer en cri de guerre, en hurlement. Le porte- voix Yoshimura est fait pour ça, malheur à celui qui ne le prend pas au sérieux ! 

J'aime particulièrement ressentir l'équilibre précaire de l'ensemble lorsque qu'il est maintenu à la limite juste à l'aide de la poignée droite... Ne pas le serrer avec les jambes, le laisser vivre et ajuster ses mouvements calqués sur le relief de la route. C'est amusant, c'est à cet instant que tu saisis le fonctionnement d'un attelage, grâce au petit picotement instinctif qui te gratte l'arrière du crâne. Il te rappelle que tu peux te faire éjecter au moindre transfert de masse, au moindre changement d'appui non anticipé. Peut-être faut-il  "couper" ?

Mouais, 'faut voir. (le train de sénateur prend une claque) C'est une question philosophique autant que d'habitude. Mais c'est grisant. Alors quoi ? Autrefois j'aurais coupé, mais aujourd'hui je ressent cette maîtrise (probablement surfaite, évidemment) qui me pousse à faire l'inverse, et à me lancer à l'assaut des effrontés qui ne veulent rien lâcher. Je les tiens, parfois même je les double juste pour voir leurs mines déconfites. La plupart du temps Ginette ne peut cependant rien, rendant les armes du haut de ses 32 ans face à des jeunettes bardées d'électronique qui mettent du gros gaz au mépris des règles élémentaires de la physique. 

Baste ! qu'à cela ne tienne. On le sait maintenant : il y a plus de joie et de plaisir à faire marrer les gones en levant le panier qu'en traquant ceux qui avionnent dans les quartiers !

Réflexion faite et introspection paysagère rondement menée, la vénérable Ginette m'a donc raccompagné  après cette mini virée bucolique. Nous avons regagné nos pénates bien tranquillement, rejoignant le sénateur et son train.

Ah ! c'était bien ! 

Mon nouveau casque, à paillettes ! J'y ai collé le "bitsa sticker" envoyé par Andy du blog "Benchdonkees"