mardi 20 décembre 2011

Fruit de saison... dans la vraie vie !

Imagine... il pleut, mais alors comme il faut hein, des trombes ! et on parle toujours de brêle par beau temps, du moins dans la plupart des canards, bouquins etc...

Et bien ce n'est pas normal !

Si l'on considère les déplacements en deux roues assujettis aux intempéries, il faut prendre en compte le meilleur, le soleil, et le pire, qui est double: la pluie et le vent.
Et c'est de cela dont je vais te parler.

Ce matin, j'ai répondu à une petite annonce sur un site internet bien connu.
J'ai enfin trouvé l'objectif photo qui manque à ma panoplie, et a un si bon prix que je n'ai pas d'autre choix que d'aller le chercher sans trainer.
Seulement comme je le disais, il pleut des cordes, bien grasses, grosses gouttes gelées, presque de la neige. Pas de soucis! je la ramène tellement avec mes histoires de bécanes et de "moi? j'ai pas de bagnole !" que j'aurais l'air fin de faire fi de tout ça.
Je décolle avec mon Kawasaki ZRX, un 1100  Eddy Lawson replica qui a un bon tour de compteur et toutes ses dents de pignons.

Pour l'hiver, je l'ai affublé d'un tablier et de manchons. Oui oui, tu peux rire. Pendant des lustres j'ai considéré ce genre d'équipement au minimum moche,  voire dangereux.
Vu sous cet angle, et d'un point de vue disons "djeun", il est vrai que ce matériel n'est pas très engageant, et permet même de se passer d'antivol !
Mais selon le vieil adage qui veux que seuls les imbéciles ne changent pas d'avis, il convient dans ce cas d'ajouter " mais comment j'ai pu m'en passer!" dès les premiers tours de roues !
J'ai aussi pris la précaution d'enfiler l'équipement complet avec moult renforts et bottes étanches, en finissant par mon couvre chef HJC fibre pour la petite touche racing.

Donc avec tout se bazar mon petit aller retour dans la campagne Caladoise pour aller quérir l'objet tant convoité ne devrait-être qu'une promenade de santé. Il y a grand max 70 bornes à couvrir.
Quelle erreur ! évidemment,  et je le savais, la météo était tellement pourrie que s'aventurer sur l'autoroute relevait au mieux de la connerie en branche livrée à la tonne et au pire au suicide par procuration vu que direction Paris, tous les camions d'Europe se donnent rendez-vous sur les échangeurs successifs pour l'Italie ou la Suisse.
Bah oui ! essaie de tenir un rythme correct en brêle lorsque tu roules dans un tunnel de lavage haute pression ! j'aime autant te dire que les vêtement étanches ne le sont jamais tout à fait, 
que le tablier n'a pas de filet anti-remous, que les manchons s'alourdissent avec le poids de l'eau et le vent contraire. 
Mais l'angoisse arrive vraiment avec la visibilité qui chute n'offrant parfois que quelques mètres pour réagir... l'écran du casque est traité anti-buée, dixit le vendeur. Bien sûr, c'est aussi de la connerie. Tu le sais déjà dans le magasin quand ce couillon te fait le sourire du gars expérimenté (tu sais déjà qu'il ne l'est pas, expérimenté, à part dans le boniment, mais tu le veux le casque, il est bôô, et assorti à ta motôô) 
Et bien en y repensant, tu imagines que tu traines ce connard attaché par les pieds (ça aide à se détendre un peu), pendant que tu essaies de distinguer le prochain 40 tonnes à travers la buée, les gouttes d'eau qui commencent à givrer et ce serpent glacé qui descend dans ton cou puisque le tour de cou en fibre aérospatiale étanche ne respire plus, il s'est noyé.

Là. au pied du mur. 110 voie de gauche, un camion sans fin à droite, un monospace qui arrive derrière en appels de phares pour que tu te ranges... s'en fout lui, derrière, il a la clim, la radio et un tas d'assistances à la conduite... et devant... rien. Du brouillard, de la pluie, les yeux qui te brûlent et qui clignent sans arrêt, puisque tu es obligé de laisser la visière entre-ouverte...

Tu vois ? ami cher et peut-être néophyte en la matière ? et bien là, je dois faire le coming-out de ce début de siècle : j'aime ça. J'ai peur, je suis pas à l'aise (on le serai à moins) mais j'aime ça.
Et je ne sais pas expliquer pourquoi.
Quand j'en suis là, pas souvent certes, mais cela est déjà arrivé quelques fois, je ressent une limite palpable, un truc qui fait que tu n'es plus tout à fait maitre de la situation, mais qui est grisant. Je t'arrête, je n'aime ni le saut à l'élastique, ni la chute libre.

Ce qui me permet d'analyser cela, c'est le Monstre Vert. Je suis assis dessus, à une vitesse difficile à évaluer, dans la purée de poix, avec pour seuls points de repère les bruits mécaniques habituels et rassurants, admission d'air, échappement, verrouillage de la boîte...
Le pouce gauche sur le bouton des clignos, l'index sur celui du plein phare, la main droite en position "cruise control", souple sur les gaz.
Le caisseux monospatial  qui me poussait m'a forcé à prendre la seule décision intelligente sur l'instant, c'est à dire comme d'hab sur le sec, le laisser sur place en augmentant le volume air/essence dans la rampe 4x36 qui gave le gros Kawa... 
Je trace en aveugle, laissant comme prévu les autres véhicules loin derrière, pour réaliser qu'à l'instar des record bikes de Bonneville, je suis collé à la ligne médiane de l'autor' comme seul point de repère ! amusant n'est-il pas ?
Comme diraient les stunt men Américains, "don't try this at home !"    "ne le faites pas chez vous!" 

Alors là, panard total. Humide, d'accord, mais total. 

D'une part je dois être le seul en brêle à des bornes à la ronde, d'autre part sûrement le plus con à des bornes à la ronde. Ce deuxième point tend à se confirmer quand je réalise que la monte pneumatique -de premier choix pourtant- de ma brave Z n'arrive plus à avaler les litres/minute que je lui impose. 
Cela provoque un louvoiement souple mais constant, avec une difficulté certaine à maintenir un cap précis. J'ajoute même que cela m'a fait changer de voie plusieurs fois ! 
La conduite se fait alors tout aux appuis, reposes pieds, cuisses, léger léger sur le guidon, le temps de faire baisser la vitesse régulièrement, tranquillement vers une valeur qui permette de nouveau effectuer un éventuel freinage d'urgence.

Bon, je te parle pas de la transition autoroute vers départementale, ni des glisses au rétrogradages, je ne parle pas non plus des litres de gasoil répandus sur les rond-points, des passages piétons peints en plein virage, des différences de revêtements de la route...

Pfiouu ! t'as compris ? après ça quand tu arrives à destination c'est le bonheur ! quelle bonne bécane ! et un bon coup de brêle par un temps aussi propice ça ne se refuse pas non ?







5 commentaires:

  1. Et bien tout pareil ! Sentiment improbable que c'est quand même le pied total la bécane, un peu le dernier monde à conquérir sur terre, après les derniers soubresauts de l'aeropostale

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  2. Amen ! et j'aime beaucoup cette idée d'aéropostale, Mermoz ou saint-Ex devaient avoir une bonne idée de la question, je pense que chacun peut entrevoir à sa façon ce "sentiment improbable" et si c'est à moto, c'est encore mieux! Merci ! ;-)

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  3. Moi aussi j'aime ça !!!

    D'ailleurs, je n'oublie jamais de flatter le réservoir de ma monture, une fois arrivé à bon port (ma chérie me jette à ce moment un oeil étrange), comme je l'aurai fait de l'encolure d'une brave jument, tendance percheronne diront les détracteurs du ZRX à qui je réponds inlassablement : "mon enclume, elle t'enfume". D'ailleurs, j'ai été chercher "la nouvelle" à Dunkerque il y a 2 semaines, c'est te dire, 2°C au départ, 7 à l'arrivée 300 bornes plus tard, faut être motivé. Après 30 000 borne avec une 1100N, je me suis laissé tenter par la 1200S bleue, par curiosité autant que par radinerie... ta version est bien la plus belle, mais outre le fait que ma chérie trouve que le vert ne lui sied guère au teint et que mon vieux Bering est noir et orange (ne ne voulais pas non plus ressembler à un catcheur mexicain), les propriétaires de ce bijou le présentant sur le même "site bien connu" que tu évoques, en exigeaient des sommes folles pour un kilométrage et un état qui ne le justifiaient pas.

    Il me reste l’ancienne à vendre à vil prix, malgré les petits agréments que j’y ai ajouté…. Une ligne complète Yosh, un stage dynojet3, des beaux filtres cornet K&N, un rigidificateur de fourche.. etc… comme elle est noir mate (oui, je sais, c’est mon côté zizi rider), elle devrait trouver preneur malgré ses 75 000 bornes, ce qui n’est pas grand-chose, et ses disques + plaquettes à changer.

    Je me refuse au tablier et aux manchons. J’aime bien en prendre plein la gueule bien que, tu l’as remarqué toi aussi, en dehors d’une tenue complète de survie en haute mer distribuée sur les plateformes pétrolières, rien ne résiste à une drache sévère…. J’ai souvenir d’un Paris – Bruges épique où la nuit passée à l’hôtel, sèche-cheveux en main, n’a pas suffi pour redonner à mon cuir un poids de gazelle affutée et une texture autre que celle d’une éponge de chantier…. Avec le temps, on apprend à s’équiper intelligemment (du moins le croit-on) et à ne plus se laisser entuber par le vendeur et son beau sourire, d’autant plus que celui de mon bouclard préféré, il lui manque une dent de pignon au milieu…. Quant aux visières « magiques », je remarque qu’il faut rouler à plus de 130 pour qu’elles le deviennent effectivement…. Sinon, j’ai découvert récemment, en cassant ma tirelire pour une paire de gants mi- saison, qu’un petit appendice façon raclette de douche scandinave y avait été greffé… une bien bonne idée !

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  4. Je te rejoins complètement. Le ZRX en 1100 ou 1200 demeure une vraie bécane "comme on en fait plus" (on dirait une pub pour du camembert !) le 1200S a d'ailleurs failli être mien il n'y a pas si longtemps. Car Mamie ZRX a dépassé les 130000km et m'en fait voir désormais régulièrement. En ce moment des soucis électriques ne me permettent pas de l'utiliser normalement... c'est devenu une petite vieille ! Mais pas de souci : elle est "en cure" sur mon pont et devrait rapidement recouvrer toutes ses capacités ;-) de toutes façons je n'ai jamais pu me résoudre à la vendre ! du coup elle tient compagnie à Mamy Transalp, Ginette le side car et le petit dernier, le Puzzle Racer.
    Tient ! faudra que j'essaye le coup de la languette essuie glace sur les gants. J'ai déjà vu ça, sans franchir le pas.

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  5. moi c'est le F6C que je ne me vois pas vendre... :) même s'il passe bien plus de temps dans mon garage que sous mon cul !

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